« Conférence climat : la Chine s’engage », s’exclame Ouest France en première page. « François Hollande a en effet obtenu, hier, de Pékin, une liste d’engagements pour lutter contre le réchauffement climatique. Encourageant, estime le journal, avant l’ouverture de la conférence sur le climat, à la fin du mois, à Paris. »
Qui plus est, poursuit Ouest France, « dans le ballet diplomatique très serré qui se joue en amont de la COP21, ce volontarisme de Pékin est un précieux atout. Associée au groupe des 77 qui concentrent l’essentiel des pays en développement, la Chine peut rallier à son panache vert beaucoup d’Etats encore très hésitants à signer un accord à Paris. »
La Presse de la Manche se félicite également de la décision de Pékin : « En signant un accord contraignant qui devra être réévalué tous les cinq ans, la Chine s’implique dans la lutte contre l’effet de serre et peut ouvrir la voie à la réussite de la COP21, ce sommet unique, où se joue, pour longtemps, le destin de l’Humanité. Que la Chine s’engage, s’implique de façon éminente, alors que ce sous-continent est le plus grand pollueur de la planète, c’est une belle évolution qu’il faut saluer et que la France accompagne avec satisfaction. »
L’Union affiche aussi son enthousiasme : « Il a suffi d’un déplacement en Airbus de François Hollande en Chine pour obtenir le miracle de Pékin ! Les premiers pollueurs du monde ont promis de se contraindre à une politique chlorophylle et d'encourager à la sanction contre tous ceux qui ne prétendent pas devenir des écologistes exemplaires. Le président de la République jubile et se frotte les mains tant les bonnes intentions de Xi Jinping lui rendent espoir de faire de la conférence de Paris, un succès pour la planète. L’acte premier a bénéficié d’une prodigieuse mise en scène, aussi faut-il espérer que l’épilogue de la COP21 sera aussi flamboyant pour l’avenir de l’homme et des continents. »
Certes, reconnait La Montagne, « il était important d’avoir la Chine avec soi. Ce gros pollueur en s’engageant peut donner l’exemple et entraîner d’autres pays encore hésitants comme l’Inde ou les pays pauvres d’Afrique. Il reste quatre semaines avant l’ouverture de la COP21 pour convaincre les retardataires que l’urgence climatique ne donnera aucun sursis. » Toutefois, tempère La Montagne, « aujourd’hui, tous les experts considèrent que les promesses d’engagement des pays, dont celles de la Chine, limiteraient le réchauffement à 2,7 °C. On est loin des 2 °C promis pour parer aux grandes catastrophes. Il reste 4 semaines pour réussir. Le voyage en Chine est une promesse, mais il ne suffit pas. »
Une bonne blague ?
En effet, on est loin du compte, estime Le Figaro, qui tempère le bel enthousiasme affiché par les quotidiens cités précédemment. « C’est désormais acté, la conférence sur le climat de la fin de l’année à Paris ne débouchera pas sur un engagement suffisant à réduire la hausse des températures sur la planète de 2 °C d’ici la fin du siècle, affirme en effet Le Figaro. “Si on agrège les contributions des Etats, nous sommes à 2,7 °C”, a reconnu hier François Hollande, lors de son voyage en Chine. Échec en vue, donc, estime Le Figaro, comme l’a d’ailleurs reconnu Nicolas Hulot, l’ambassadeur du président de la République pour le climat. »
Libération, pour sa part, enfonce le clou en remettant en cause la fibre écologiste du président français. « François Hollande et l’excellence écologique ? La bonne blague ! », s’exclame Libération. « A mesure qu’approchait la COP21, cette grand-messe onusienne que François Hollande a tenu à accueillir à Paris en décembre et où, dixit ce dernier, c’est “le sort de l’humanité qui se joue”, on aurait pu imaginer que le gouvernement fasse un peu plus preuve de logique et d’exemplarité. Qu’il fasse au moins semblant d’y croire, ne serait-ce que pour ne pas se ridiculiser. Las, soupire Libération, c’est tout l’inverse qui se produit. Et crescendo. […] Dernier épisode en date, pointe le journal, l’annonce vendredi de la décision de l’Etat de reprendre les travaux du projet contesté d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, près de Nantes. Juste avant la tournée de Hollande en Chine et ses trémolos de rigueur sur le climat. Bigre, conclut Libé. Voilà qui témoigne d’un art inégalé de l’incohérence. Ou du cynisme. »
La Turquie facteur de déstabilisation ?
A la Une également, la victoire électorale du président Erdogan en Turquie… « La Turquie aux mains d’Erdogan », titre Le Monde. « La victoire aux législatives, mais pour quoi faire ? », s’interroge le quotidien du soir. « Le patron de l’AKP se retrouve à la tête d’un pays de 75 millions d’habitants qu’il a contribué à polariser chaque jour davantage et dont la moitié de la population lui est farouchement opposée : laïcs contre religieux, Turcs contre Kurdes, sunnites contre alévites, élites urbanisées contre conservateurs du plateau anatolien. Ce paysage politique fragmenté est encore fragilisé par une situation économique des plus médiocres et par un environnement extérieur dominé par la guerre en Syrie. Loin d’être le pôle de stabilité qu’elle a pu être, durant les deux premiers mandats de l’AKP, la Turquie d’Erdorgan présente le profil d’un pays largement déstabilisé sous l’effet cumulé des choix politiques de son président et du chaos proche-oriental. » Et Le Monde de s’interroger : « obnubilée par la question kurde, la Turquie sera-t-elle un partenaire sérieux dans la lutte contre l’Etat islamique ? Volontiers irascible, et parfois imprévisible, M. Erdogan peut-il contribuer à la rechercher d’une issue politique en Syrie ? Rien n’est moins sûr. »
L’Humanité s’agace : « Le gouvernement turc a préparé le nouveau round électoral dans un climat de terreur, déclenchant une nouvelle guerre contre le PKK, organisant une véritable chasse aux journalistes. La Turquie a connu son plus sanglant attentat, tuant une centaine de participants à une manifestation de l’opposition. Les observateurs de l’OSCE, du Conseil de l’Europe et du Parlement européen ont dénoncé hier “les interventions du pouvoir dans l’autonomie éditoriale des médias et les violences qui ont entravé les capacités des candidats à mener une campagne libre”. Mais, veut croire le quotidien communiste, si, dans l’immédiat, Erdogan a réussi son mauvais coup, il n’est sans doute pas parvenu à éteindre l’aspiration démocratique qui sourd dans la Turquie d’aujourd’hui. »
Sécurité : la droite part en campagne
Enfin, la politique en France, avec l’offensive sécuritaire de l’opposition… « Justice, la droite veut en finir avec les lois Taubira », tonne Le Figaro en première page. « Les Républicains proposent la création d’un superministère de la Sécurité intérieure et 20 000 places de prison supplémentaires pour en finir avec “l’inexécution des peines”. »
Et dans un entretien au Parisien, Nicolas Sarkozy s’en prend violemment à la politique judiciaire du gouvernement. « Il n’y a plus d’autorité de l’Etat », affirme-t-il. Le patron des Républicains égrène ensuite ses propositions pour la sécurité. Quelques exemples : l’interdiction de séjour pour les trafiquants de drogue à leur sortie de prison dans le quartier où ils ont commis leurs méfaits ; la création donc d’un grand ministère de la Sécurité publique qui assurerait la coordination de toutes les forces de sécurité en France ; ou encore le rétablissement et l’élargissement des peines planchers et la suppression des remises de peines automatiques.