Vincent Bolloré s'intéresse depuis quelque temps déjà à ces groupes italiens portés par la renaissance économique sous l’impulsion de Matteo Renzi. Avec l'acquisition de 20% du capital de Telecom Italia son groupe Vivendi en est devenu le premier actionnaire.
L'ancien monopole public italien est certes très endetté, mais il a de beaux atouts : tout le réseau de téléphone fixe de la péninsule et la majorité du marché italien du mobile. Depuis des mois le patron breton peaufine donc à Rome son image d'actionnaire de long terme auprès du groupe comme auprès des autorités soucieuses du sort de leur ancien fleuron. La semaine dernière, Xavier Niel, le fondateur de Free a bouleversé les plans de Bolloré en récupérant à titre personnel 15% des actions de Telecom Italia.
Pour conserver sa pole position, le magnat breton doit monter au capital jusqu'à la limite autorisée, c'est-à-dire 24,9%. Au-delà il devra lancer une offre publique d'achat. Les deux Français sont perçus comme des concurrents, car ils tous deux sont actifs dans le secteur des télécoms mais avec des lignes de force différentes : Xavier Niel est un poids lourd côté tuyau avec Free et Vincent Bolloré côté média avec l'empire européen qu'il est en train de constituer autour de Vivendi.
La pépite italienne suscite beaucoup d’intérêt.
Les Allemands, les Espagnols, l'opérateur historique français Orange, et l'égyptien Naguib Sawiris, se sont tous déjà manifestés à des degrés divers. On comprend l'appétit de ces opérateurs téléphoniques, comme celui de Xavier Niel. Le père du quadruple play associant dans un même abonnement télévision, téléphone, internet, mobile, pourrait appliquer sa recette avec bonheur chez Telecom Italia.
Vincent Bolloré lui a recentré le groupe Vivendi sur les médias, s'il s'intéresse aux réseaux téléphoniques, c'est parce qu'il est désormais convaincu, du bien-fondé des synergies entre ces deux activités. La convergence entre les contenus et les tuyaux est le nouveau mantra de nombreux acteurs américains et européens. Cet attelage a pourtant échoué pour Vivendi au début des années 2000 sous le règne de Jean-Marie Messier.
Entre temps l'environnement internet a explosé : le nombre d'usagers est passé de 300 millions à 2 milliards.
Dans cet univers les nouveaux géants du net mènent la danse, ils utilisent les vieux tuyaux et empochent les bénéfices à travers les connexions et les contenus qu'ils se sont mis à produire, comme les séries lancées avec succès par Netflix. Pour les industriels conventionnels, il est urgent de reprendre la main. A condition d'avoir beaucoup d'argent. C'est le cas de Vivendi, qui a une réserve de 9 milliards d'euros. Et c'est le cas de Xavier Niel qui puise dans sa cassette personnelle de milliardaire.
Cet acteur qui a transformé le paysage des télécoms est de plus en plus présent dans les médias. Via son fonds Media One. Autre exemple de cette convergence télécom-média avec le groupe égyptien de Naguib Sawiris. L'opérateur téléphonique Orascom a fait sa fortune; et maintenant il se diversifie dans les médias, il est devenu majoritaire dans le capital de la chaine Euronews. Son objectif : faire de cette chaine d'information continue une entreprise rentable, ce qui n'est pas encore le cas mais il a aussi l'ambition de se développer sur le continent africain où sera lancée à la mi-décembre Africanews, une déclinaison panafricaine de la chaine d'information continue.