Le gaz attend toujours son âge d'or

Les prix du gaz sont déprimés par l'entrée en production de nombreux projets, et le gaz n'est pas encore en mesure de détrôner le charbon.

L'Agence internationale de l'énergie avait prédit un « âge d'or » pour le gaz. Mais comme l'horizon, cette perspective s’est éloignée au bout de quatre ans. Plutôt que de s'envoler, les prix du gaz dépriment. La raison en est simple : l'offre gazière sur la planète s'accroît énormément et elle s'affranchit des gazoducs, puisque le gaz peut voyager à travers les océans, désormais, sous forme liquéfiée, le GNL.

Les capacités de liquéfaction du gaz se multiplient sur tous les continents. Total vient de charger son premier bateau de GNL australien en direction de la Corée du Sud. Dans trois mois, Cheniere exportera sa première cargaison de GNL américain vers l'Europe.
De quoi briser les compartiments du marché du gaz qui devient mondial : les prix du gaz en Asie (7 dollars le MBtu contre près de 20 début 2014) et en Europe (7 dollars) se rapprochent du prix très faible du gaz américain : 2 dollars et demi le MBtu, c'est l'équivalent de 15 pauvres dollars le baril. De quoi au moins retarder les projets gaziers les moins au point, au Mozambique ou en Tanzanie.

Car la demande de gaz n'a pas progressé au même rythme que l'offre. Le Japon se détourne du gaz pour revenir au nucléaire. Et le gaz, même s'il est plus souple que le charbon pour compléter les énergies renouvelables, en forte progression dans les pays émergents, reste toujours deux fois plus cher pour produire le même kilowatt heure. L'avantage prix du charbon n'est pas près de disparaître sauf à imposer une taxation d'au moins 50 dollars sur la tonne de CO2 émise, a calculé l'Agence internationale de l'Energie.

Tout dépendra des politiques environnementales des Etats qui sortiront de la conférence climat. Si la Chine semble résolument se tourner vers le gaz, l'Inde continue de lui préférer le charbon, pour fournir à moins de frais l'électricité qui manque à plusieurs millions de ses habitants. C'est d'ailleurs un groupe minier indien, Adani, qui a obtenu l'autorisation de produire du charbon en Australie, à quelques encablures, pourtant, de la Grande barrière de corail.

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