Côte d’Ivoire : présidentielle sous haute tension
Plus que deux semaines avant le premier tour de l’élection présidentielle. Oh combien « sensible », la phase du processus électoral qui débute ce matin est en effet à la Une de la presse ivoirienne.
« La pêche commence », lance ainsi Fraternité Matin (la « pêche » aux voix, s’entend), selon une formule fleurie employée par le on-ne-peut-plus discret président de la commission électorale Youssouf Bakayoko, dont le très placide visage orne ce matin la Une du quotidien gouvernemental ivoirien.
Etant rappelé que la pêche est un loisir par essence paisible, cette « pêche »-ci, en Côte d’Ivoire, risque-t-elle de tourner à la chasse ? En découvrant Le Nouveau Réveil ce matin, c’est à se le demander, avec, en première page de ce quotidien, la déclaration du général Kassaraté. Celui qui fut patron de la gendarmerie du temps de l’ex-président de la République Laurent Gbagbo et qui, par la suite, a été bombardé ambassadeur par son successeur Alassane Ouattara, y souligne qu’une campagne électorale, « ce n’est pas la guerre ». Il « crache du feu », lance le journal proche du PDCI, l’ancien parti unique.
La Une du quotidien Le Temps, proche de Laurent Gbagbo, pourrait expliquer ce contraste éditorial entre la Une si impavide de Frat Mat et celle, si martiale, du Nouveau Réveil. Pour Le Temps, en effet, « le régime prépare une fraude » à la commission électorale, le journal évoquant une « mascarade » et dénonçant ce qu’il appelle la « stratégie du "un coup K-O" en marche », c'est-à-dire la réélection d’Alassane Ouattara au premier tour de la présidentielle.
Du reste, au Burkina Faso, voisin mitoyen, la presse ne cache pas ses préoccupations au sujet de cette campagne électorale ivoirienne. Et c’est ainsi que L’Observateur Paalga fait comme « tout le monde (il) croise les doigts pour que les démons du passé, écrit-il, ne reviennent pas tourmenter un pays qui en a déjà vu de toutes les couleurs ».
De son côté, son confrère Le Pays annonce une campagne « sous haute tension » en Côte d’Ivoire. « Tous les coups seront apparemment permis », prévient le journal ouagalais, qui dit « craindre un possible embrasement avant, pendant et après le scrutin du 25 octobre prochain ». Pour Le Pays, « il y a de quoi s’inquiéter ».
Le journal brandi « l’intérêt supérieur du pays (qui) devrait, selon lui, commander aux détracteurs (d’Alassane Ouattara) de ne pas agiter, à tout bout de champ, le spectre d’une guerre civile post-électorale dont personne ne sortira gagnant ».
Et le confrère d’implorer « les dieux de la politique afin qu’ils ne fassent pas encore une fois dérailler la locomotive de l’Afrique de l’Ouest francophone car, si la Côte d’Ivoire rate ce virage, elle entraînera durablement toute la sous-région dans sa sortie de route ».
Fifagate : les ripoux
L’onde de choc du scandale de corruption à la Fifa a propulsé le Camerounais Issa Hayatou à la tête de la fédération mondiale de football. Pour l’intant. Désormais président intérimaire de la Fifa, le Camerounais Issa Hayatou, 69 ans, remplace Joseph Blatter. Et pour L’Observateur Paalga « on a remplacé la peste par le choléra. Si vous préférez, le "Blatter blanc" par le "Blatter africain". A la tête de la Fifa, c’est « la même équipe infestée de dealers qui font leur beurre depuis des lustres sur la planète foot ».
En France aussi, le quotidien Le Parisien souligne que l’image du patron depuis 1988 de la CAF, la Confédération africaine de football, est « tout aussi brouillée ».
Ebola : l’espoir
Note d’espoir en Afrique au sujet d’Ebola : une semaine vient de se passer sans aucun nouveau cas de contamination signalé. Du jamais vu depuis vingt mois en Afrique de l’ouest. « Pour la première fois depuis mars 2014, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) n’a recensé aucun nouveau cas d’infection par le virus Ebola la semaine dernière » dans cette région d’Afrique, foyer de l’épidémie l’an dernier, souligne, en France, le journal Le Figaro. Le quotidien français se réjouit bien sûr de cette « petite bulle d’espoir », tout à appelant à la vigilance. Car les questions et inquiétudes persistent, concernant notamment les personnes ayant été en contact avec un malade pour les isoler au plus vite s’ils déclarent la maladie. « Or Guinée et Sierra Leone découvrent encore des personnes contaminées qui n’avaient pas été identifiées », prévient Le Figaro. Il faut aussi surveiller de près les survivants, car on sait désormais que « le virus, même indétectable dans le sang, peut persister dans l’organisme ». Espoir donc, oui, mais aussi vigilance.