A la Une: violences préélectorales en Guinée

La tension monte apparemment en Guinée à moins d’une semaine maintenant de l’élection présidentielle.

« La campagne électorale a été émaillée de violences extrêmes samedi, dans les villes de N’Zérékoré et de Mamou, rapporte le site d’information Guinée Conakry Infos, entre les militants de l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG) et ceux de la mouvance présidentielle. »

Le dernier bilan fait état d’un mort et 80 blessés. Et encore, ce bilan aurait pu s’alourdir sans l’intervention des forces de l’ordre. C’est du moins ce qu’a laissé entendre le ministre de la Sécurité, Mahmoud Cissé, dans une déclaration lue sur les ondes de la Radiotélévision Guinéenne, relève Guinée Conakry Infos, qui rapporte les propos du ministre : « grâce au déploiement des forces de défense et de sécurité, nous avons très rapidement pris en charge le retour à la paix, au calme et à la sérénité. Force est de constater malheureusement, reconnait le ministre, que durant ces évènements, des maisons de commerce, d’habitation et des stands ont été détruits et des personnes blessées. »

Prémonition ?

Alors, « attention à la dérive », avertit pour sa part Ledjely.com, autre site d’information guinéen. « Le dernier virage qui mène à la présidentielle se négocie aujourd’hui, dans un contexte des plus tendus. De par les actes et les discours, les différents protagonistes jouent à se faire peur. […] Cellou Dalein Diallo, perçu comme principal adversaire du président-sortant, jure par tous les saints qu’il ne sera pas question pour lui d’avaliser des résultats ne reflétant pas la réalité du vote. Dans un contexte de suspicion généralisée accentuée par les tâtonnements et autres approximations de la CENI, une telle mise en garde sonne comme une horrible prémonition. Pour sa part, Alpha Condé, confondu dans sa posture de candidat à sa propre succession et de président de la République qu’il demeure, agitant le chiffon d’une implacable répression, promet l’enfer aux fauteurs de troubles. »

Résultat, soupire Ledjely.com, « le beau rêve d’une présidentielle détendue risque bien de se briser avec fracas contre les illusions qui s’amoncellent au-devant du pays. Parce qu’au vu de l’atmosphère qui caractérise la campagne électorale depuis quelques jours, on est plus proche du scénario de 2010. Si ce n’est pire encore. En effet, alors qu’on s’était félicité des discours courtois des leaders et de l’hospitalité et de l’accueil chaleureux que les populations à la base réservent à tous les candidats, voilà que les propos deviennent subitement belliqueux et les clivages politiques et ethniques de nouveau érigés en barrières. »

D’autres leaders ?

Dans la presse de la sous-région, on s’inquiète également, à l’instar du quotidien Aujourd’hui au Burkina : « cette surchauffe de la région forestière pourrait être les prémisses d’une élection sanguinolente, et les deux éminents ennemis politiques, ces deux là qui ne peuvent même pas se voir en peinture, le président Alpha Condé et son éternel opposant Cellou Dallein Diallo, sont donc interpellés. Dans cette Guinée, où les politiques surfent sur l’ethnicisme, et où, Alpha ou Cellou sont considérés soit comme un diable, soit comme un messie, selon que l’on se trouve de part et d’autre de cette ligne de fracture politico-régionaliste, le pire n’est jamais loin, surtout à l’orée d’un scrutin aussi crucial. »

Et Aujourd’hui d’appeler de ses vœux à un renouvellement du personnel politique guinéen… « Parce que depuis des années, tout tourne autour de ces deux adversaires éternels, il faudra qu’à terme, les Guinéens se tournent vers d’autres leaders qui ne cristalliseront pas ces querelles communautaristes, car, de plus en plus, il n’est plus question, sauf à toujours languir dans l’afro-pessimisme ou à avaliser la thèse selon laquelle les Africains n’ont pas droit à la démocratie, il n’est plus question donc qu’un peuple soit pris en otage par des ressentiments inextinguibles au sein du personnel politique. Des politiques dont on est en droit souvent de douter de leur patriotisme, au regard de leurs agissements qui puent à plein nez les intérêts personnels. »

Alors, « attention à la mort subite !, prévient encore le quotidien burkinabé. Les Guinéens doivent pour cette élection prouver enfin qu’ils peuvent aller aux urnes sans se crêper le chignon. »

 

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