Le géant de l'aluminium Alcoa se scinde en deux. Le groupe américain est le numéro un mondial de la bauxite, le quatrième producteur d'aluminium, mais Alcoa est lesté par la chute des prix du métal, qui pèsent sur ses activités amont, alors que ses activités aval, dans les alliages spéciaux, connaissent un splendide essor. L'aluminium créé à partir de bauxite, puis d'alumine, ne vaut plus que 1500 dollars la tonne, son plus bas niveau depuis 2009, le métal a perdu 25 % en un an, et les primes de sortie des magasins de la bourse des métaux se sont effondrés.
Alcoa a beau avoir taillé dans ses capacités pour ne garder que les fonderies les plus rentables, dotées d'une production hydroélectrique ou gazière à proximité, les perspectives ne sont pas brillantes à court et moyen terme, avec les tonnes d'aluminium à bas coût que la Chine, excédentaire, déverse sur le marché.
En revanche, l'avenir est radieux pour les alliages spéciaux d'aluminium, qui remplacent l'acier, trop lourd, dans les véhicules. C'est Alcoa qui équipera les premiers 4x4 de Ford à chassis tout aluminium, qui doivent sortir des chaînes d'ici la fin de l'année. Alcoa a énormément investi, en rachetant RTI International Metal et Tital pour ses alliages d'alu et de titane qui équiperont aussi le fuselage des avions. « Le débouché dans l'aéronautique est énorme, avec les 35 000 commandes de Boeing, explique l'économiste des métaux Christian Hocquard... Alcoa préfère mettre à l'abri un aval plus sûr, avec des contrats dans ce secteur pendant 15 ans ».
Alcoa sépare donc l'amont minier qui pèse sur l'action du groupe (-42 % en un an), de l'aval métallurgique très sophistiqué, qui devrait s'envoler en bourse. L'intégration verticale des deux segments devait permettre d'équilibrer les pertes de l'un avec les gains de l'autre, selon la conjoncture. Mais après des années de concentration dans le secteur des matières premières, observe Didier Julienne, « le temps des conglomérats est peut-être fini ».