A la Une: l’opposition manifeste à Kinshasa

 

Première manifestation pour l’opposition congolaise après la forte mobilisation de janvier dernier contre la loi électorale, qui s’était soldée par une violente répression policière et une quarantaine de morts.

« Les principaux partis d’opposition réunis dans la “Dynamique de l’opposition” avait donné rendez-vous hier à la population pour dénoncer un possible “glissement” du calendrier électoral et le maintien du président Joseph Kabila au-delà de 2016, relate le site d’information Afrikarabia. Deux mille à 3 000 personnes ont écouté place Sainte-Thérése de Ndjili une dizaine de ténors de l’opposition venus dire “non à un troisième mandat de Kabila” et exhorter le chef de l’Etat “à organiser les élections dans les délais constitutionnels”. »

A la fin du rassemblement, des incidents ont éclaté. Des jeunes gens armés de bâtons et de pierres ont attaqué les manifestants. Il y aurait un mort et plusieurs blessés. L’opposition accuse le pouvoir d’avoir téléguidé ces violences.

En tout cas, « cette manifestation intervient dans un contexte politique extrêmement tendu, relève Afrikarabia. Le président Joseph Kabila est accusé de vouloir retarder le processus électoral pour s’accrocher à son fauteuil. […] Et la manifestation d’hier met le chef de l’Etat dos au mur : il n’a plus de soutien dans l’opposition, l’UDPS ayant pour le moment fermé la porte, et devient contesté en interne, avec la fronde de quelques caciques de la majorité. Même si la mobilisation n’a pas été monstre, au regard de la population de Kinshasa, les manifestations de janvier 2015, qui ont fini par faire reculer le gouvernement sur la loi électorale, avaient commencé plus modestement. L’opposition marque donc un point, conclut Afrikarabia, en démontrant que malgré la violente répression de janvier, les Congolais peuvent de nouveau redescendre dans la rue. »

Soupçons…

Le site d’information guinéen Ledejly.com estime lui aussi que la RDC est au bord de la crise politique… « En gros, résume le site guinéen, l’opposition congolaise soupçonne Kabila et ses proches de vouloir surcharger le calendrier électoral de manière à imposer le report de l’élection du président de la République comme une nécessité des plus logiques. Et les soupçons sont d’autant plus fondés que les affrontements qui ont ponctué le meeting de l’opposition d’hier ne sont pas fortuits, affirme Ledejly.com. Que des jeunes armés de projectiles et de bâtons sortent de nulle part pour s’attaquer à des manifestants, somme toute pacifiques, n’a rien d’anodin. A défaut d’avoir été expressément commandités par l’Etat congolais, les agresseurs d’hier devaient compter sur la bienveillance de la force publique. Surtout que la police, dont l’intervention aurait pu éviter le drame, n’a pas bougé le moindre doigt. Elle aussi devait avoir reçu pour instruction de laisser les opposants se faire corriger pour l’exemple. Tout indique donc, estime Ledejely.com, que c’est de nouveau parti pour la crise politique congolaise. Malheureusement pour Joseph Kabila, il risque bien de se heurter à la même détermination que celle qui l’avait obligé à reculer en janvier dernier. »

Glissement et glissade…

« Kabila ne devrait pas se voiler la face, prévient pour sa partLe Pays au Burkina. La contestation de son éventuel troisième mandat est bien dans les tuyaux et toute tentative de passage en force pourrait être très risquée pour lui. […] Le président congolais a du souci à se faire face à la montée de la contestation qui sourd des entrailles de son peuple. Kabila doit en tenir compte. Autrement, si l’on devait s’acheminer vers un bras de fer entre lui et son peuple, les conséquences pourraient être désastreuses pour ce pays qui a longtemps souffert de la guerre. »

Enfin le quotidien Aujourd’hui à Ouaga avertit également : « le problème avec les glissements de mandats, c’est qu’ils peuvent se muer en glissades fort dangereuses, voire en crashes très meurtriers. […] Kabila va-t-il forcer l’atterrissage, prêt à assumer la casse ? Nul ne le sait, mais à l’évidence, en tentant toujours de glisser subrepticement vers une rallonge de son mandat, à coups d’artifices institutionnels, le parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie (PPRD), la formation présidentielle, et ses alliés entraînent le pays vers une pente raide. Et c’est peu dire, conclut Aujourd’hui, qu’à un peu plus d’un an de l’élection présidentielle, la République démocratique du Congo est en apnée politique. »

 

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