A la Une: lutte contre le terrorisme et business

Ce sont les deux grands axes de la visite officielle de trois jours en France du président nigérian Muhammadu Buhari. Pour ce qui est du combat contre Boko Haram, « le voyage du président Buhari en France représente pour son pays et ses partenaires de la force mixte une occasion unique, estimeL’Observateur Paalga au Burkina, de remobiliser leurs soutiens notamment en matière de logistique et d’intelligence, deux domaines sans lesquels une guerre ne peut avoir d’issue victorieuse. Cette rencontre au sommet intervient alors que l’hydre de Maiduguri, un moment éreintée par les assauts successifs des troupes tchadiennes et nigériennes, reprend du poil de la bête avec une virulence rarement égalée, semant la mort et la désolation aux quatre vents et érigeant la perfidie en mode de combat. Autant dire, poursuit L’Observateur Paalga, que face à l’épineuse question de la lutte contre l’organisation Etat islamique en Afrique de l’Ouest, les questions économiques, elles aussi au menu de cette visite, sembleront passer au second plan de l’agenda diplomatique du président Buhari. En apparence seulement, car ce serait méconnaitre la rigueur toute militaire du nouveau locataire d’Aso Rock, qui a bien conscience que les finances ont été de tout temps et resteront le nerf de la guerre. »

 
En effet, renchérit Le Pays, toujours à Ouaga, « le président Buhari a été élu dans un contexte économique difficile, caractérisé par la raréfaction des revenus liés à la manne pétrolière. Les cours du pétrole sont au plus bas, la monnaie nationale, le naira, est en chute libre. Buhari a d’urgence besoin de donner un second souffle à l’économie nationale pour non seulement trouver le nerf de la guerre contre Boko Haram, mais aussi pour délivrer sa jeunesse des affres du chômage. Il va vanter auprès de Hollande les forces du plus grand marché d’Afrique. Le Nigeria pèse en effet plus de 170 millions de consommateurs. Et la France, pour faire face au marasme économique qui la secoue et en raison de ses intérêts déjà bien présents au Nigeria qui est le “royaume” du pétrolier Total, la France ne pourra pas se payer le luxe de jouer au difficile. »

La France plus impliquée ?

Pour le quotidien Aujourd’hui, Hollande et Buhari ont tout intérêt à ce partenariat gagnant-gagnant… « Le Nigeria est la première puissance économique de l’Afrique, constate le quotidien burkinabé, et ce serait économiquement une bêtise si la France ignorait cet immense marché de millions d’habitants, pour ne voir que son ex-glacis, dont certains, exceptés la Côte d’Ivoire et le Gabon ou le Sénégal, n’en mènent plus large, en termes de partenariat gagnant-gagnant. Les deux conventions pour booster le secteur de l’agriculture, ne seront pas de trop, dans ce pays qui, malgré l’or noir dont le cours est en berne, connaît des difficultés. Si on y ajoute la corruption endémique, le général Buhari ne frappe pas à une porte inutile. Toutefois, pointe Aujourd’hui, l’économie ne se développe que sur un terreau fertile où les mauvaises herbes et les ronces du terrorisme n’ont pas droit de cité. Or, Boko Haram est bien un énorme furoncle purulent plaqué sur le front du Nigeria […] Et le Nigeria veut plus de la France. Une meilleure implication. […] François Hollande semble avoir compris le message, relève encore le quotidien burkinabé.“Lutter contre Boko Haram, c’est lutter contre Daech”, a-t-il en effet, déclaré à l’issue de l’entretien. Le président français présente ainsi la nouvelle dimension du phénomène, aux yeux du monde : celle d’une menace qui va au-delà du Nigeria. »

L’arme de la chanson

Enfin, loin des arcanes de la diplomatie et des ors des palais présidentiels, un collectif d’artistes tchadien a décidé de s’engager contre Boko Haram. C’est ce que rapporte le site d’information Guinée Conakry Infos. Ce collectif, intitulé La Vigilance Plus , vient de publier une chanson, « Ouvrons les yeux !». Une chanson qui appelle les populations du bassin du Lac Tchad à la vigilance. Nous en parlions d’ailleurs récemment sur RFI. Pour ces artistes, il s’agit d’ouvrir les yeux dans les églises, les mosquées, les hôpitaux ou encore les transports publics. « Un appel à la vigilance, car le mal est permanent », dit la chanson. Pour l’instant, la chanson et le clip ont commencé à tourner sur les radios et télévisions tchadiennes, en attendant des opportunités pour le faire passer dans les autres pays touchés par Boko Haram.

 

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