Conséquence de la plongée des cours des matières premières, le géant du secteur Glencore a vu ses pertes se creuser et son endettement s'alourdir. Entre autres remèdes, le groupe suisse arrête provisoirement la production de deux de ses mines de cuivre en Afrique. Une interruption de 18 mois sur le site de Mopani, en Zambie, une période non précisée pour le moment au Katanga, en République démocratique du Congo, le temps de faire des travaux sur ces deux gisements majeurs de cuivre africain.
Pas question de les abandonner ; Glencore souhaite au contraire investir pour les moderniser : une machine pour dissoudre le minerai par lixiviation doit être installée au Katanga, et un concentrateur de minerai doit être mis en place sur le site zambien. Ce qui permettra de fabriquer des cathodes de cuivre, mieux valorisées, et non plus d'exporter seulement du concentré de minerai.
Sans ces travaux, la production n'était plus rentable au cours actuel - extraire une tonne de cuivre sur ces deux sites africains coûtait plus cher à Glencore que ce que le groupe pouvait en tirer sur le marché mondial - d'autant que les pénuries d'électricité avaient été aggravées cette année par la sécheresse en Zambie.
À terme, le géant minier espère faire passer les coûts de production du Katanga et de Mopani sous les 3 800 dollars la tonne, contre 5 500 dollars aujourd'hui. L'interruption de la production devrait permettre au groupe minier de perdre moins d'argent et d'agir sur l'équilibre de l'offre et de la demande. 300 à 400 000 tonnes annuelles de cuivre non produites en Zambie et en RDC, cela représente 1 % de l'offre mondiale. Suffisamment « pour faire basculer le marché d'un excédent à un déficit de production », résume Didier Julienne, expert des métaux, et donc de faire remonter les cours du cuivre.
Signe que la stratégie du groupe a convaincu les investisseurs, l'action de Glencore a rebondi de 7% hier, alors qu'elle avait perdu la moitié de sa valeur depuis le début de l'année. En revanche, cette interruption de production, même temporaire, est un nouveau coup dur pour les économies de RDC et de Zambie, déjà très ébranlées par la chute des cours des métaux. Le pari, c'est que les deux pays africains champions du cuivre soient plus compétitifs dans quelques mois, et qu'ils gagnent alors de nouvelles parts de marché dans le cuivre, aux dépens des pays d'Amérique latine.