« La Terre est le berceau de l'humanité, mais on ne passe pas sa vie entière dans un berceau », écrivait le mathématicien et physicien russe Constantin Tsiolkovski en 1911. Considéré comme le père de l'astronautique moderne, ses recherches ont permis la conception de fusées à réaction particulièrement performantes qui, hélas, engloutissent des tonnes de carburant pour s’arracher à l’attraction terrestre. Un surpoids de combustible qui limite la quantité du fret que l’on souhaite satelliser.
Et pourquoi ne pas employer un ascenseur, se demandait le scientifique dès 1895 ? Prenant comme modèle la Tour Eiffel, il imagina une construction de 36 000 km de haut, afin de véhiculer des charges utiles et des astronautes jusqu’en orbite géostationnaire. Le concept de l’ascenseur spatial était né ! Il fut amélioré bien plus tard, en remplaçant la tour par un câble qui descendrait de l’espace jusqu’au sol. L’idée, évoquée mainte fois dans les ouvrages de science-fiction, représente un véritable défi technologique. Il faut mettre au point un matériau à la fois léger et solide. Il devra résister à la tension qu’exercera fatalement la force centrifuge sur le filin et supporter son propre poids sans s’effondrer ! Les nanotubes de carbone et les nouveaux alliages récemment inventés permettraient de réaliser ce type de structure. Malheureusement, il est actuellement impossible de les produire en quantité suffisante, estiment les chercheurs en nanotechnologies.
La société canadienne Thoth Technology, spécialisée dans la conception d’équipements spatiaux, préfère la tour au câble. Son projet « space elevator » se compose d’une tour cylindrique avoisinant les 20 kilomètres de haut pour un diamètre d'environ 230 mètres. Construit en kevlar, ce gratte-ciel est un empilage de sections pneumatiques pressurisées gonflés d’hydrogène ou d’hélium. Une cabine d’une capacité de 10 tonnes de fret, qui est alimentée en électricité par énergie éolienne, grimpe jusqu’à une piste d’envol au sommet de l’édifice. Sur cette plateforme, les véhicules spatiaux effectueront leurs navettes orbitales sans gaspillage de carburant affirme le chercheur canadien Brendan Quine, à l’origine du concept et cofondateur de la société. Il estime que le projet est réalisable en 10 ans et coûterait entre 5 et 10 milliard de dollars. En partant de ce nouveau toit du monde, les futurs touristes de l’espace accompliront leurs premiers pas hors du berceau de l'humanité, autour de la planète Terre, ce nid douillet qui les a vus naître, grandir, et s’envoler.
Vous avez des questions ou des suggestions, vous pouvez nous écrire à nouvelles.technologies@rfi.fr