A la Une: Grèce, avis de tempête?

Deux titres se télescopent ou se superposent à la Une de Libération ce matin. « Tsipras démissionne pour mieux revenir », titre d’abord Libération, à propos de la décision du Premier ministre grec de partir pour provoquer des élections législatives anticipées.

Et puis un autre titre, juste en-dessous, en Une encore : « Face à l’exode », qui illustre cette photo pleine page de migrants sur un zodiac en mer méditerranée, du côté des îles grecques. Alors même si les deux événements n’ont rien à voir, ce pays submergé par l’arrivée massive de migrants est en proie à une nouvelle crise politique. « Aléxis Tsípras, 41 ans, retourne donc aux urnes après sept mois chaotiques au pouvoir qui l’ont vu batailler ferme contre l’Union européenne avant de plier et d’accepter les sévères mesures d’austérité que ses électeurs avaient pourtant refusées lors du référendum qu’il avait convoqué le 5 juillet ».

« Cette décision d’anticiper les élections générales ne surprend personne à Athènes », estime pour sa part Le Figaro : le compte à rebours de l’officialisation du divorce entre le premier ministre grec et son aile gauche a commencé depuis le 14 août dernier, lors du vote pour le troisième programme d’ajustement budgétaire au Parlement grec. Désormais, chacun veut mettre la main sur les suffrages des 62 % de Grecs qui se sont prononcés contre la rigueur, lors du référendum du 5 juillet dernier, et qui n’ont pas été écoutés par Alexis Tsipras. Pour l’Humanité, « le coup d’état financier orchestré par la Troïka fonctionne », sous la menace d’un effondrement bancaire, le groupe parlementaire de la coalition de gauche Syriza s’est très largement divisée.

L’Europe dépassée

Les événements se télescopent en Grèce et sur le front de l’immigration clandestine, l’Europe paraît plus que jamais dépassée. C’est le sentiment de Libération encore, qui publie ce vendredi matin un dossier très complet sur le sujet, illustré de photos très fortes d’Olivier Jobart. Sur l’une d’entre elles, on voit des policiers français vider leur bombe lacrymogène sur des migrants, qui tentent vainement de rejoindre le tunnel sous la manche. Alors évidemment, c’est une image choc, qu’on voudrait ne pas voir mais qui résume ce sentiment d’impuissance.

« L’accord signé hier entre Français et Britanniques est loin d’être la panacée », estime Christophe Bonnefoy dans Le Journal de la Haute Marne. « Il ne faut pas se leurrer, écrit-il plus loin, les millions d’euros débloqués, notamment par nos voisins anglais, ont un objectif principal : bloquer l’entrée de l’île à l’immigration illégale ». Dans La République des Pyrénées, Jean-Marcel Bouguereau ironise : « la Grande-Bretagne devrait assumer que, depuis le tunnel sous la Manche, elle n’est plus une île et dispose d’une frontière terrestre avec la France ». Un demandeur d’asile devrait pouvoir choisir librement le pays dans lequel il a envie – ou des raisons de rester, poursuit l’éditorialiste de La République des Pyrénées. Sauf que « face à la nouvelle vague estivale venue d’Afrique, du Proche-Orient et des Balkans, la tentation du chacun pour soi reste forte malgré les appels à l’aide des pays du front comme la Grèce ou l’Italie », résume Christophe Lucet dans Sud-Ouest. « La Macédoine a décrété hier l’état d’urgence à sa frontière. Et l’Allemagne, qui voit arriver chaque semaine des milliers de réfugiés des Balkans, s’achemine – pour 2015 – vers l’incroyable chiffre de 800 000 demandeurs d’asile. Angela Merkel vient d’ailleurs de reconnaître qu’il était plus urgent désormais de s’occuper du dossier migratoire que de celui de la stabilité de l’euro », lit-on dans l’éditorial de Sud-Ouest.

FN : Le divorce

Autre sujet à la une, un autre homme est rejeté, mais de son propre parti. On le retrouve en photo dans Le Parisien, l’ancien numéro Un du Front national, le sourire forcé, à la sortie du bureau exécutif. Le quotidien revient sur cette journée « “de trahison”, selon Jean-Marie Le Pen, exclu après avoir multiplié les fautes depuis de longues semaines », selon le communiqué. Convoqué pour ses propos réitérés sur les chambres à gaz et le maréchal Pétain, mais aussi pour ses attaques répétées contre Marine Le Pen et Florian Philippot, le vieux chef savait ce qu’il risquait. Alors Le Parisien rapporte cette scène qui en dit long sur l’ambiance au sein de cette famille politique, ou de cette famille tout court. Il est 14h30 hier, quand celui qui est encore président d’honneur du FN arrive au siège, à Nanterre. Il est accompagné de son épouse Jany, de son avocat, et de son ami Bruno Gollnisch. Il lâche lorsqu’il apprend l’absence de la présidente Marine Le Pen et de Florian Philipot, qui se sont récusés par souci de « respecter une impartialité totale » : « Les chefs sont aux abris, il n’y a que les fantassins ici ». Le feuilleton n’est sans doute pas terminé, constate encore Le Parisien. Hier, le cofondateur du FN qui a décidé de faire appel de cette décision en justice, a annoncé qu’il avait bien l’intention de se rendre à l’université d’été du Front national, début septembre à Marseille.

Les chasseurs de trésor

Enfin, La Croix revient sur une activité illicite en pleine croissance. Les archéologues professionnels entrent en guerre contre les pilleurs, les chasseurs de trésor. Ils ont de plus en plus peur d’être précédés sur leurs terrains de recherche.

Principaux visées : les « détectoristes ». Ce sont les personnes qui utilisent des détecteurs de métaux. Vous en croisez parfois sur les plages qui récupèrent des bijoux égarés, le plus souvent des pièces monnaie. « On parle de loisir, mais c’est en réalité un pseudo loisir qui alimente un trafic et relève de la spoliation du patrimoine national », s’insurge un archéologue dans les colonnes de La Croix. Alors normalement, si vous déterrez un trésor historique la loi vous oblige en France à le déclarer. Malheureusement, c’est de moins en moins le cas. A Laignes en Côte-d’Or, en 2012, des chasseurs de trésor avaient déterré 2 000 pièces de monnaie gauloise. Ils n’en avaient rien dit, sauf sur internet, pour les revendre. Bien mal leur en a pris, estime La Croix, les huit personnes interpellées vont être jugées et risquent des peines de 7 ans de prison pour vol archéologique... Une nouvelle loi plus stricte doit même être présentée à la rentrée pour endiguer le phénomène. En France, 40 000 personnes possèdent un détecteur de métaux.

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