« Le début du dégel ? » s'interroge en Une Le Dauphiné Libéré. Le Figaro utilise d’ailleurs le même titre pour évoquer deux semaines après l’accord sur le nucléaire, la visite du chef de la diplomatie française Laurent Fabius en Iran. Il arrive aujourd'hui Téhéran pour relancer « dans la franchise » le dialogue bilatéral. C'est son premier séjour en République islamique et ça ne sera pas simple pour lui, car à en croire Le Figaro, en Iran, l’image de Laurent Fabius, tenant de la ligne dure dans les négociations nucléaires, n’est pas bonne. Des médias et des personnalités du camp conservateur n’ont pas hésité à ressortir une vieille histoire, écrit Georges Malbrunot, celle du sang contaminé, pour dénoncer la venue de « Mister Fabius ». Des lots de sang contaminés par le VIH avaient en effet été exportés en Iran au milieu des années 1980, causant la mort de plusieurs centaines de malades.
Mais le président Hollande tempère : « c'est justement la manière dont il sera accueilli qui permettra une évaluation du comportement de l’Iran ». Aux yeux du chef de l’État, « l’Iran doit être un pays qui apporte des solutions, notamment en Syrie ou au Yémen. Et pour en finir avec le drame syrien, Paris aimerait que les gardiens de la révolution iranienne lâchent leur allié Bachar el-Assad ». Libération résume pour sa part cette visite de Laurent Fabius, par ce titre : « Paris-Téhéran une amitié impossible » avec cette photo troublante en noir et blanc d'un Khomeiny, longue barbe blanche, accueilli comme un héros, à la descente d'un avion d'Air France. C'était en 1979, lorsque le nouveau chef de la révolution islamique était rentré dans son pays, après un an d'exil près de Paris. On pouvait imaginer alors, que la France aurait une place spéciale dans le cœur des nouveaux dirigeants iraniens. Que nenni, Libération revient sur 35 ans de relations épouvantables entre la France et l'Iran. Libération semble d'ailleurs assez sceptique quant à ce nouveau « réchauffement des relations », car en général dans l'histoire, un « brutal refroidissement » s'ensuit. En 1991, déjà, François Mitterrand avait songé à un voyage en Iran, après l'arrivée au pouvoir de Rafsandjani, avant d'y renoncer suite à l'assassinat à Paris d'un ancien ministre du Chah, Chapour Bakhtiar.
Iran : le nouvel Eldorado ?
La Croix préfère revenir pour sa part sur le volet économique de cette visite. Pour le journal catholique, « l'Iran est le nouvel eldorado » où la France cherche sa place. Un marché iranien fort de 80 millions de consommateurs potentiels qui explique en grande partie la multiplication des voyages officiels à Téhéran. Avant Fabius, le vice-chancelier allemand, Sigmar Gabriel, y est passé accompagné d’une délégation d’industriels. Le ministre italien des Affaires étrangères lui aussi doit s’y rendre début août.
Le secteur des hydrocarbures est évidemment celui qui attire le plus, mais, « Le potentiel est énorme dans tous les secteurs », précise un économiste, spécialiste du Moyen-Orient dans La Croix. « On en parle moins, mais c’est tout aussi important : l’Iran a d’énormes besoins en infrastructures : transports, téléphonie ou tourisme… »
La justice conforte Jean-Marie Le Pen
La cour d'appel de Versailles a confirmé hier la suspension du congrès extraordinaire du Front National, qui envisage l’exclusion du président d’honneur Jean-Marie Le Pen... Beaucoup de vos journaux y voient là une victoire personnelle pour Jean-Marie Le Pen, et la poursuite de la « guerre », selon Le Figaro au sein du clan familial. « C’est une nouvelle victoire judiciaire pour votre grand-père ?», demande d'ailleurs Le Parisien-Aujourd'hui en France, à Marion Maréchal-Le Pen qui répond par l'affirmative. « Une victoire sur la forme, sur la procédure, dit-elle, car la justice nous enjoint de réunir un congrès physique, le vote électronique est suspendu. A nous d’organiser ce nouveau congrès », précise celle qui n'exclue pas une exclusion de Jean-Marie Le Pen. La petite fille de l'ancien secrétaire général du Front National estime encore que le dialogue est rompu avec celui qui pourrait se présenter contre elle en région Provence Alpes Côtes d'Azur. « Je ne suis pas particulièrement fière du spectacle qui est offert. C’est même franchement l’inverse, j’ai honte, dit-elle. (...) Je ne suis pas entrée en politique pour cela. Dans une période si grave pour la France, je suis triste qu’on perde autant de temps dans cette querelle », conclut-elle dans l'entretien exclusif qu'elle a accordé au Parisien.
Quand la réalité dépasse la fiction
La guerre est programmée titre en Une Libération... N'y voyez pas de lien avec la crise au Front national, ni dans les relations franco-iraniennes, Libération fait référence aux programmes militaires basés sur des robots tueurs qui feront bientôt la guerre à notre place. C'est à prendre très au sérieux. Aux États-Unis, à l'occasion d'une conférence internationale sur l'intelligence artificielle qui se tient à Buenos Aires, des scientifiques et intellectuels, dont Stephen Hawking et Noam Chomsky, ont publié une lettre demandant l’interdiction de ces « armes autonomes ». Car ils craignent sinon que celles-ci puissent sélectionner et tirer sur des cibles sans intervention humaine dans « quelques années, et non décennies » ? Aucun pays n’a officiellement signifié vouloir acquérir de systèmes d’armes autonomes, même si les Etats-Unis et Israël « laissent la porte ouverte à l’acquisition future de ce genre d’armes », selon Libération qui parle de troisième révolution après la poudre et l'arme nucléaire. Avec l'arrivée des robots, « nous allons devoir cohabiter sur la Terre avec une espèce que nous avons créée et qui pourra être potentiellement supérieure à la nôtre. Et peut-être vouloir notre mort », s'inquiète David Carzon dans son éditorial.
Terre des hommes
Heureusement, il existe encore des hommes pour faire des poèmes et pas la guerre. C'est un peu le slogan du festival de poésie « Voix vives » qui se déroulent à Sète en ce moment, la ville du grand poète chanteur Georges Brassens, mais aussi celle de l'écrivain Paul Valéry. « Il pleut des mots au lieu des bombes », écrit poétiquement L'Humanité à propos de ce festival qui se veut un trait d'union entre des « Méditerranée », entre des pays parfois en guerre, lit-on. On pense à la Libye ou à la Syrie. Alors la poésie s'est installée dans les cafés, sur les terrasses, dans les patios, sur les balcons, partout on y déclame des vers. Et L'Humanité évoque un certain Yannick qui invite même les plus grands poètes méditerranéens et leurs amateurs sur son navire ancré dans le port de Sète. « Sète, dressé face aux vagues, lutte contre la mort et le désespoir », lit-on joliment dans L'Humanité.