A la Une: Hollande le fédéraliste

Sollicité par Le Journal du dimanche à l’occasion du 90e anniversaire de Jacques Delors, le président français y signe ce matin une tribune en hommage à l’ancien patron français de la Commission européenne, tribune dans laquelle il assure que la France est « prête » à s’engager dans une organisation « renforcée » de l’Europe, une « avant-garde », écrit-il, avec les pays qui « en décideront ». Dans le JDD, François Hollande plaide pour un « gouvernement de la zone euro » et, comme il l’avait annoncé le 14 juillet dernier, le chef de l’Etat propose aussi d’y ajouter un « budget spécifique » ainsi qu’un « Parlement » pour en assurer le contrôle démocratique.

Car, selon François Hollande, « ce qui nous menace, ce n’est pas l’excès d’Europe mais son insuffisance », estime-t-il dans l’hebdomadaire, ajoutant au sujet de l’euro que « partager une monnaie, c’est bien plus que vouloir une convergence. C’est un choix que 19 pays ont fait parce que c’était leur intérêt. »

Evoquant aussi la montée du sentiment de rejet de l’Europe par de plus en plus d’Européens, le président affirme que « les populistes se sont emparés de ce désenchantement et s’en prennent à l’Europe parce qu’ils ont peur du monde ».

Merkel : dame de pique ou dame de cœur ?

Une façon, pour le président, de tirer les leçons de la crise grecque, qui est bien sûr, et une fois encore, à la Une de la presse hebdomadaire. Pour tenter d’en renouveler la couverture et de la mettre en images, Paris Match s’est rendu sur l’île de Paros, dans l’archipel des Cyclades. Destination touristique de masse, ce caillou de marbre en pleine mer est toujours envahi par les estivants, que l’on voit débarquant au port dans l’hebdomadaire, ou déjeunant sur la plage, comme si de rien n’était.

Crise ou pas crise, ces photos de Paris Match auraient pu être prises n’importe quand à Paros. Depuis les années 1960, l’île est très prisée des Allemands. Le journal a rencontré Karyn, 63 ans, qui tient un bar à Paros, avec son mari grec Yorgos. « Jamais je n’ai ressenti une quelconque haine à mon égard, et encore moins des signes d’hostilité, dit-elle. Même ces quinze derniers jours. Au pire, mes amis me taquinent, m’appellent Angela Merkel ! »

Et justement, en parlant de la chancelière ! Baptisée par Marianne « l’impératrice des créanciers », Angela Merkel est affublée, en Une du magazine, d’un casque à pointe. Marianne dénonce le « diktat » allemand imposé à la Grèce et la « reddition » d’Athènes. Pour l’Allemagne, c’est simple, s’étrangle Marianne, la Grèce doit être administrée comme une « colonie » !

Seulement voilà, la Karyn de Paris Match peut dormir sur ses deux oreilles à Paros, car Angela Merkel a obtenu le feu vert du Bundestag, l’Assemblée parlementaire allemande, au plan de sauvetage de la Grèce. Comme le souligne Le Point, Angela Merkel « a dû plier ». Et elle n’a pas été la seule. Le Premier ministre grec Alexis Tsipras, lui aussi, a dû se résoudre à plier.

Du reste, pour cet hebdomadaire, Tsipras, c’est « l’homme qui dit " Oui " ! » On croyait avoir affaire à un grand joueur d’échecs, ce n’était qu’un « mauvais joueur de manille. Ce n’était pas Kasparov, c’était Escartefigue », pourfend Le Point, en référence à une partie de cartes d’anthologie mise en scène par l’écrivain et cinéaste français Marcel Pagnol dans Marius, où le pêcheur marseillais Escartefigue triche à la manille aux enchères avec son ami Marius.

Schäuble : l’homme de fer

Non, l’homme avec qui les Grecs ne passeront pas leurs vacances, c’est Wolfgang Schäuble. Il faut dire que le ministre allemand des Finances, c’est « l’homme qui voulait chasser la Grèce », formule L’Obs. Car « l’inflexible » grand argentier allemand est partisan de la sortie de la Grèce de l’euro. Résultat, pour l’européen de la rue, la « preuve » est faite que l'euro n'est pas que leur monnaie, c'est aussi une politique économique fondée sur le « totem ordolibéral », se récrie Marianne.

Politis va plus loin. Pour l’hebdomadaire d’extrême-gauche, pas de doute, les dirigeants allemands ont agi dans la grande tradition « coloniale ». Ce régime, les pays africains l’ont « enduré » pendant un demi-siècle, et aujourd’hui encore : « Pillage, plans du FMI, réformes " structurelles ". On connaît la mécanique ! », énonce Politis. À ceci près qu’en Afrique, les puissances se sont toujours débrouillées pour mettre en place des potentats locaux « aussi dociles que corrompus ». Alors que le « petit » Tsipras, même vaincu, n’est pas leur « homme lige », souligne le journal, « (sa chute serait d’ailleurs leur ultime victoire) ».

Hollande : la presse (de droite) est unanime

Et François Hollande dans cette affaire ? Comment s’en sort-il dans la presse hebdomadaire ? « Il s’en tire bien », admet Politis, car le président français a joué les intermédiaires entre la Grèce et l’Allemagne et a su le « faire savoir ». Le Point l’admet aussi. Il y a bien des « choses » à reprocher à François Hollande, mais sur le plan international et européen, le jugement est « plutôt hâtif », concède l’hebdomadaire. Et que dire du Figaro Magazine qui considère que, dans le dénouement de cette crise européenne majeure, le chef de l’Etat a donné « le meilleur de lui-même ». C’est dire !

Partager :