Des tétraplégiques guident un robot par la pensée

Neuf personnes handicapées résidant en Allemagne, en Italie et en Suisse sont parvenues à diriger un robot de télé-présence à distance en se servant uniquement de leurs ondes cérébrales. Une expérience européenne couronnée de succès qui améliorera bientôt la qualité de vie des paralysés en leur offrant un peu d’indépendance.

On se souvient des singes high-tech et bioniques qui, grâce à un implant fixé dans leur cerveau, parvenaient à bouger un bras virtuel à distance par la seule force de leur pensée. L’objectif de cette expérience américaine était de mettre au point un exosquelette contrôlé par les ondes cérébrales pour que des personnes handicapées quittent enfin leur fauteuil roulant.

Bon nombre d’êtres humains sur la planète étaient impatients que l’on passe de l’animal à l’homme. Ce qui fut le cas quand un jeune paraplégique équipé d’un exosquelette et d’un casque lui permettant de le contrôler avec ses ondes cérébrales lança d’un coup de pied magistral la Coupe du monde de football 2014 au Brésil. Les neuro-roboticiens du projet européen intitulé Tools for Brain-Computer Interaction, ou plus simplement Tobi, travaillent depuis 2008 à réaliser le même genre de prouesse.

Les chercheurs espèrent mettre au point des interfaces « cerveau-machine » non invasives, c’est-à-dire sans implants chirurgicaux, qui puissent bientôt contribuer à améliorer la qualité de vie des personnes à mobilité réduite. Leur dernière expérience, qui est tout simplement impressionnante, a été menée grâce au concours de 19 volontaires demeurant en Allemagne, en Italie et en Suisse. Neuf d’entre eux sont des personnes tétraplégiques, les 10 autres sont des valides.

Leur mission commune était, après un entrainement de deux semaines, de pouvoir contrôler par la pensée un robot d’assistance muni d’un système de vidéoconférence. L’interface cerveau-machine utilisée lors de l’expérience se compose d’un casque électroencéphalographe ou EEG, qui a été développé par l’École polytechnique fédérale de Lausanne en Suisse. Le pilotage du robot motorisé, qui était équipé d’une caméra et de capteurs afin d’identifier ses interlocuteurs ou reconnaître son environnement, a été entièrement réalisé à distance et en temps réel par internet.

« Chacun des neuf sujets handicapés est parvenu à télécommander le robot avec aisance après moins de dix jours d’entraînement », relatent les scientifiques européens. Ils estiment que des personnes lourdement handicapées pourraient ainsi recouvrer un peu d’autonomie et leur droit légitime à une vie sociale, grâce à leurs représentants humanoïdes robotisés et télécommandés par la pensée.
 

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