C’est fait, ou plutôt ça n’a pas été fait. La Grèce n’a pas honoré le remboursement de 1,6 milliard d’euros dus au Fonds monétaire international. Elle avait jusqu’à minuit, heure de Washington, pour le faire, soit 6 h, heure française. Dans le même temps, le volet européen du plan d’aide à la Grèce a comme prévu pris fin hier à 22 h TU, privant le pays de 16 milliards d’euros d’aides en tous genres. L’Eurogroupe doit reprendre ce matin pour examiner les propositions d’Athènes qui a demandé hier un nouveau plan d’assistance financière.
Alors, « la seule certitude, ce matin, à propos de la Grèce, pointe La Presse de la Manche, c’est que le pays n’a pas honoré sa dette vis-à-vis du FMI à l’échéance prévue, et que les aides s’arrêtent. Il y a, bien entendu, toujours possibilité de reprendre une négociation. » Mais « parti dans un bras de fer avec les autres membres de l’Eurogroupe, Alexis Tsipras risque de se brûler les ailes, estime le quotidien normand. L’argument démocratique de son élection, donc de sa légitimité, n’est pas contestable. Ce qui est contestable, c’est de vouloir considérer que le choix du peuple grec s’impose au reste de l’Europe. Il y a 19 gouvernements autour de la table, il faut donc un accord qui soit collectif. »
En attendant un hypothétique accord, « la tragédie grecque prend de plus en plus des allures de vaudeville, affirme Le Journal de la Haute-Marne. Les retournements de situation se multiplient au rythme du sirtaki. On apprenait tard hier soir que le référendum prévu dimanche pourrait être annulé, si les points de vue se rapprochaient entre l’Eurogroupe et Alexis Tsipras. Mais, dans le même temps, l’Allemagne maintenait une position inflexible. (…) Quelle que soit l’issue de la pièce qui se joue actuellement, une réalité incontournable demeure, relève le quotidien champenois : la dette grecque demeure énorme. Et si la Grèce porte une bonne part de responsabilité dans ce qui lui arrive, les créanciers qui n’ont pas été vigilants des années durant sont loin d’être blancs comme neige. »
En tout cas, pour L’Union, « à force, une certaine lassitude s’installe. Non pas que le sort des Grecs nous indiffère, loin de là. Mais le feuilleton des négociations ne nous passionne plus. Au fur et à mesure, l’intensité dramatique s’estompe. Jusqu’à la compassion pour ce peuple ami, presque voisin, qui s’éteint doucement. Concomitamment, il faut bien se l’avouer, la crainte d’être touché au plus profond de notre épargne, de devoir payer pour leurs arnaques et négligences fiscales, cette crainte s’est dissipée. Les mêmes experts qui nous promettaient un tremblement de terre en cas de sortie de l’euro, ne sont plus si sûrs aujourd’hui. (…) Bref, conclut L’Union, en un mot comme en cent, la tragédie grecque a tourné à la comédie et il est temps de tirer le rideau. Dans un sens ou dans l’autre. »
Et puis, cette longue interview dans Libération de l’économiste français Robert Boyer. Pour lui, les créanciers et les Européens ont appliqué une logique punitive à la Grèce. Les programmes d’austérité qu’ils ont imposés n’étaient pas destinés à organiser le retour de la croissance, mais seulement à garantir le paiement de la dette aux capitaux privés. « La finance a donc pris le pas sur le politique, explique Robert Boyer. A partir de la crise de l’euro, les responsables politiques découvrent qu’ils ont laissé se développer subrepticement le pouvoir de la finance sur les choix qui appartenaient auparavant aux citoyens (…) Avec la crise américaine des subprimes et sa transmission à l’Europe, s’affirme la primauté d’une finance internationale par rapport aux demandes des citoyens. Les systèmes financiers et les banques sont renfloués sans aucune contrepartie, relève encore l’économiste, et rares sont les programmes nouveaux qui prennent en compte la lutte contre la précarité, l’extension de la couverture sociale et plus généralement les revendications des opinions publiques. Le conflit ouvert entre la Grèce et les autres membres de la zone euro témoigne de ce basculement. »
Les villes en première ligne dans la lutte contre le réchauffement
Toujours dans Libération, ce dossier sur les « villes rafraîchissantes ». C’est ainsi que Libération appelle ces villes de par le monde qui tentent d’agir sur le réchauffement climatique sans attendre les grands sommets internationaux, comme celui de Paris qui aura lieu dans cinq mois. Autant de villes, autant d’idées et de solutions. Libération prend dix exemples. En voici quelques-uns : « Virer les voitures comme à Helsinki. La capitale de la Finlande entend se passer de voitures d’ici 2025. Pour cela, elle va transformer son réseau de transports publics en un système de mobilité à la demande ; " énergiser " ses déchets comme à Durban en Afrique du Sud, qui a lancé un programme pionnier qui vise à utiliser les gaz des décharges municipales pour produire de l’énergie ; s’éclairer grâce à l’énergie renouvelable, comme à Ouagadougou, avec la nouvelle centrale solaire de Zagtouli, dont les travaux viennent de débuter ; ou encore partager son alimentation, comme à Todmorden en Angleterre, avec des potagers implantés un peu partout, dans les écoles, devant les postes de police, le long du canal, etc. Les 15 000 habitants de la ville sont ainsi nourris gratuitement. »
Commentaire de Libération : « Beaucoup ont compris, à travers le monde, qu’il ne fallait pas attendre que l’exemple vienne " d’en haut ". Les villes notamment, qui se trouvent en première ligne dans la lutte contre le changement climatique puisqu’elles réuniront, en 2050, 75 % des habitants de la planète ! (…) Là, les changements peuvent être spectaculaires et l’effet d’entraînement aussi. Au fil des exemples, la ville idéale de demain s’esquisse : zéro voiture, zéro déchet (ou alors " énergisés "), éclairée au renouvelable et truffée de potagers. Utopique ? Plus tant que ça, estime Libération, c’est là la bonne nouvelle. Cela prendra juste du temps. »
La « realpolitik » africaine de François Hollande
Enfin, « une troublante tournée africaine… » C’est ainsi que Le Parisien qualifie la visite de François Hollande à partir d’aujourd’hui au Bénin, en Angola et au Cameroun.
« Confronté à la menace terroriste, le chef de l’Etat, attendu ce soir au Bénin, première étape d’une mini-tournée sur le continent noir, est désormais contraint de composer avec certains autocrates africains, affirme Le Parisien. Demain, le chef de l’Etat est ainsi attendu en grande pompe en Angola par le président José Eduardo dos Santos, au pouvoir depuis… 1979. Et, le lendemain, direction Yaoundé, où le président du Cameroun, Paul Biya, règne depuis bientôt trente-trois ans. »
« Comme Nicolas Sarkozy en son temps, relève Le Parisien, Hollande s’est mué en " chef de guerre ", l’obligeant à réviser son logiciel africain. L’opération Serval contre les jihadistes au Nord-Mali en décembre 2013 ? Impossible sans le concours de l’armée du Tchadien Idriss Déby, installé par les Français il y a… vingt-cinq ans. La libération de la famille Moulin-Fournier retenue en otage pendant deux mois en avril 2013 par Boko Haram ? " Sans le concours de Paul Biya, cela n’aurait sans doute pas été possible ", reconnaît un diplomate de haut rang. Sans compter que les militaires français ont besoin du Cameroun pour l’opération Sangaris en République centrafricaine. Le sous-sol riche d’hydrocarbures de l’Angola ? " Ce pays a un petit côté Qatar africain, difficile de passer à côté ", poursuit le même diplomate. Surtout à un moment, conclut Le Parisien, où la diplomatie économique fait figure de priorité pour François Hollande, désormais converti à un principe : la realpolitik. »