A la Une: taxis, les raisons de la colère

Ne reculant devant aucune hyperbole, la presse française, ce matin, fait feu de tous mots pour évoquer le conflit social qui a, hier, secoué Paris, la capitale, comme nombre de métropoles régionales.

Les taxis sont en colère ? Ils ont droit ce matin, et notamment, à la manchette des Echos, du Parisien, du Figaro ou encore de Libération, rien que ça ! Et, pour l’occasion, les journaux ont sorti le lexique des grands jours.

« Pourquoi la guerre des taxis secoue la France », lance ainsi Les Echos en Une. Pour Le Figaro, pas de doute, le gouvernement est « débordé par la guerre des taxis ». Libération demande à chacun de ses lecteurs s’il sera le « prochain Ubérisé », en référence à ce cauchemar des taxis qu’est l’application sur Internet UberPop. Et Le Parisien se contente d’un simple mot pour sonner l’alarme, le mot « Stop !» suivi d’un explicite point d’exclamation, apposé sur une photo de Une montrant une voiture retournée sur le toit, celle d’un VTC, ces véhicules lancés dans le commerce plus ou moins sauvage de taxi sans compteur qui, déloyalement, concurrencent les taxis dûment patentés en France.

Il faut dire qu’hier en France, la colère des taxis a dégénéré. La journée a été émaillée d’incidents parfois spectaculaires qui ont parfois « viré à l’émeute », relève Le Parisien. Qui dresse le bilan de cette éprouvante journée, 7 policiers blessés, 10 interpellations et 70 véhicules dégradés, et qui regrette le caractère « tardif » du rappel à la loi lancé par le ministre de l’Intérieur. Lequel Bernard Cazeneuve a quand-même indiqué que a demandé au préfet de police de Paris de prendre un arrêté interdisant UberPop sur la capitale et les départements de petite couronne pour trouble à l’ordre public.

La violence des chauffeurs de taxis ? On doit la « réprouver », évidemment, concède Libération, mais on doit aussi « tenir compte » de leur colère. Se gardant bien de dénoncer les avancées de la technologie, le journal met tout de même l’accent sur le nécessaire « combat pour les garanties des travailleurs des nouvelles activités, pour des mesures qui humanisent la transition numérique ; pour une régulation qui favorise l’adaptation et non la brutale éviction des uns au profit des autres ». Si c’est de guerre dont il s’agit, Libé n’y voit que ce qu’il appelle une « guerre entre pauvres » et milite pour une technologie « mise au service des humains », rejetant par là-même une technologie mise en œuvre pour le seul profit de « quelques milliardaires californiens en jeans et Converse », en référence au propriétaire américain d’UberPop.

Embarras de Libération devant ces embarras de Paris ? Embarras du gouvernement plutôt, souligne Le Figaro. Le gouvernement pour lequel la journée a été « terrible, attestant de son impuissance tant à calmer les taxis qu’à stopper la machine UberPop ». Mais dans ce registre, le quotidien n’en rajoute guère et partage l’inquiétude de Libération. « Aujourd’hui, les chauffeurs de taxi, mais demain ? Du prêt-à-porter à l’hôtellerie, de l’éducation au marché de l’immobilier, on ne compte plus les secteurs d’activité exposés au développement des nouvelles technologies », concède Le Figaro. Qui s’inquiète de cette sombre perspective. « Une révolution est en marche, admet le quotidien, à la faveur de l’invasion de l’économie numérique dans notre univers quotidien. […] Combien de métiers exercés de façon traditionnelle, obéissant à des règles et des codes précis, vont pâtir de cette inévitable concurrence ? », interroge donc Le Figaro.

Le mot de la fin sur ce sujet au quotidien économique Les Echos, qui stigmatise ce qu’il appelle la « faiblesse » du gouvernement, laquelle, selon lui, a « percé » hier dans le conflit des taxis et qui a donné hier l’image d’un pouvoir « dépassé ». Cruel.

Grèce : les nerfs à vif
 
La crise grecque a éclipsé le reste de l’ordre du jour du sommet de Bruxelles. Et face à ce nouvel échec des discussions sur la dette grecque, les quotidiens français ne savent plus comment faire pour se renouveler. Comme le souligne La Croix, le premier Ministre grec Alexis Tsipras « met les nerfs des Européens à vif ». Le moins que l’on puisse dire.

L’Humanité fait exception ce matin, en y consacrant sa manchette. Pour le quotidien communiste, Alexis Tsipras et ses ministres doivent plus que jamais bénéficier du soutien des Européens, car ils ont la « plus grande des forces avec eux : la confiance d’un peuple. Le changement de ton aux sommets de l’Europe vient de là. Raison de plus pour persévérer. Et être plus que jamais solidaires de Syriza et des Grecs », plaide L’Huma. Qui accuse le FMI d’avoir choisi « l’échec pour épargner les plus riches ».

Charleston : les nostalgiques de l’apartheid

Aux Etats-Unis enfin, le président Obama doit se rendre à Charleston pour prononcer l’éloge funèbre du pasteur noir assassiné la semaine dernière. Et La Croix consacre sa Une à « l’examen de conscience de l’Amérique », car aux Etats-Unis, des « adeptes de l’apartheid » continuent de s’exprimer, certains pouvant basculer dans le crime. « Plus largement, à travers tout le territoire, regrette La Croix, les Afro-Américains ont aujourd’hui une plus grande probabilité d’être contrôlés par la police, poursuivis par la justice et condamnés à de longues peines de prison que les Blancs ».

 

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