L’appétit des Européens grandit pour les hydrocarbures russes

Les compagnies pétrolières européennes poursuivent leurs investissements en Russie, en dépit des sanctions.

 

L’appétit des Européens grandit pour les réserves de pétrole et de gaz russes, encore réévaluées à la hausse cette année : plus de 100 milliards d'équivalent barils. Les sanctions contre Moscou n'ont pas découragé les compagnies pétrolières du Vieux Continent, bien au contraire. Et pour le montrer, les patrons de Total, BP et Shell s'afficheront au Forum économique international de Saint-Pétersbourg en fin de semaine.

Non seulement les compagnies européennes ont maintenu leurs projets russes, sous forme de co-entreprises avec Rosneft ou Gazprom et Gazprom-Neft, mais elles souhaitent leur donner plus d'ampleur. Le français Total veut investir davantage dans son projet gazier russe Yamal, le néerlandais Shell souhaite augmenter d'un tiers les capacités de son usine de pétrole et de gaz à Sakhaline-2. Le norvégien Statoil a programmé de nouveaux forages pétroliers en Sibérie dès cet été. Le britannique BP serait sur le point d'augmenter sa participation dans un autre gisement sibérien, aux côtés du russe Rosneft.

Il est vrai que « les sanctions contre la Russie ne sont pas aussi dures et globales que celle contre l'Iran », explique Francis Perrin de Stratégies et politiques énergétiques. « Elles visent certains types de projets comme l'Arctique, la mer profonde et les hydrocarbures de schiste », les technologies non conventionnelles. Par ailleurs, « les sanctions de l'Union européenne ne s'appliquent pas aux contrats déjà en cours, complète Catherine Locatelli, contrairement aux sanctions des Etats-Unis, qui sont rétroactives », ce qui a contraint l'américain Exxon à geler ses projets russes.

« La major américaine a malgré tout obtenu de Washington le délai suffisant l'an dernier pour faire ses premiers forages dans l'Arctique, rappelle Philippe Sébille-Lopez. Ce qui signifie que les compagnies américaines restent en Russie et qu'elle vont poursuivre leurs projets » dès que possible. Mais les compagnies européennes ont pour l'instant un petit avantage, dont elles comptent bien profiter dès que la Russie modifiera sa législation pour ouvrir ses réserves stratégiques aux investisseurs étrangers. En attendant, les financements que les compagnies européennes fournissent en augmentant leur participation dans les projets en cours, soulagent leurs partenaires russes, interdits, eux, de lever des fonds sur les marchés financiers internationaux.

 

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