La Chine va vendre ses stocks de coton. L'annonce a été faite hier par un officiel de la Commission nationale du développement et de la réforme (NDRC), en quelque sorte l'organe planificateur de l'économie chinoise, lors d'une conférence de l'industrie cotonnière. Cette décision est une surprise pour les marchés. Et on ne peut pas dire qu'elle soit la bienvenue.
Les cours du coton stagnent autour de 65 dollars la livre, leur plus bas niveau depuis 2009. Ils risquent de plonger encore si Pékin met aux enchères tout ou partie de ses 10 millions de tonnes de fibre, la moitié des stocks mondiaux !
« Il faut voir dans quelles conditions ces ventes se feront, juge un négociant de coton, mais si ce sont les soies chinoises de qualité moyenne qui sont mises sur le marché, elles viendront concurrencer toutes les autres origines de coton, cela risque de faire des dégâts ».
D'autant que l'Inde cherche déjà à se débarrasser de ses propres stocks, près de trois millions de tonnes, après une récolte record qui lui a permis de doubler la Chine, jusqu'à présent premier producteur mondial de fibre. Une course contre la montre est peut-être en train de s'engager entre les deux géants asiatiques qui veulent écouler leurs stocks. Des réserves qui leur coûtent cher.
Mais la Chine n'a pas intérêt non plus à voir les prix mondiaux s'écrouler : désormais elle paie aux cotonculteurs chinois la différence avec le prix national garanti en Chine, plus élevé. Une vente brutale pourrait alors coûter cher en subventions versées aux agriculteurs chinois. D'où peut-être la précaution de l'officiel qui a fait l'annonce hier : le marché mondial du coton mettra plusieurs années à digérer les réserves d'Etat chinoises.