Le Ghana manque de cacao. Le Cocobod, l'organisme d'État chargé d'acheter et de vendre la récolte ghanéenne, a péché par optimisme : il a vendu par anticipation trop de cacao avant la récolte. Le Cocobod s'attendait à 1 million de tonnes, puis 850 000 tonnes. Aujourd'hui, c'est peut-être moins de 700 000 tonnes de fèves qui pourraient être comptabilisées, selon les analystes, jusqu'à 30 % de moins que prévu.
La production ghanéenne a pâti de la baisse des rentrées budgétaires de l'État ghanéen, confronté à la chute des revenus pétroliers, le Cocobod a disposé de moins d'argent pour financer les engrais et les pesticides aux producteurs ghanéens, la pourriture brune n'a pas pu être aussi bien maîtrisée cette année. À cela se sont ajoutés une météo moins favorable et la chute de la monnaie ghanéenne, le cedi, qui a poussé les producteurs ghanéens, dont la valeur du kilo, fixée en début de campagne fondait à vue d'oeil, à vendre leur cacao en contrebande de l'autre côté de la frontière, en Côte d'Ivoire.
Cette forte révision à la baisse de la récolte ghanéenne, la deuxième au monde, a fait grimper les cours du cacao à plus de 3160 dollars la tonne en fin de semaine dernière, leur plus haut niveau depuis 7 mois. Elle a aussi fait grimper la prime que les acheteurs paient en plus pour se faire livrer du cacao ghanéen.
Car ces acheteurs attendent désespérément leur marchandise. 200 000 tonnes qui manquent à l'appel, ce n'est pas rien, commente l'un d'entre eux. Même si les traders et les fabricants de chocolat parviennent à s'approvisionner ailleurs, notamment chez le producteur ivoirien voisin, très bien pourvu à nouveau cette année, les retards voire les défauts de livraison du Ghana risquent bien de ternir sa réputation de fournisseur fiable de cacao de qualité, voire de menacer le financement de la prochaine campagne par les banques.