La proposition de la Commission européenne de répartir les réfugiés entre les pays de l’Union continue de faire polémique.
Le Figaro dénonce une certaine « cacophonie gouvernementale : le 11 mai, rappelle-t-il, le ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve, avait déclaré : “ces propositions de Jean-Claude Juncker s’inspirent d’une partie des propositions faites par la France […]. Je crois qu’il est normal qu’il y ait une répartition du nombre de demandeurs d’asile entre les différents pays de l’Union européenne”. Mais le 16, changement de pied, relève Le Figaro, le Premier ministre en personne a dû corriger son successeur à Beauvau. À l’occasion d’un déplacement improvisé à Nice, où la préfecture a dû faire face à l’afflux d’un millier de clandestins en cinq jours, Manuel Valls a annoncé : “je suis contre l’instauration de quotas de migrants. Ceci n’a jamais correspondu aux propositions françaises”. Et d’enfoncer le clou, dans Le JDD : “la question de quotas est source d’une très grande confusion. Il ne fallait pas laisser passer le sentiment qu’on allait accepter ces quotas. Dans le débat national, il fallait être clair”. »
Cette position du Premier ministre est jugée « hypocrite » par Serge Slama, interrogé par Libération. Serge Slama est maître de conférences en droit public à l’université Paris-Ouest-Nanterre et membre du réseau Trans Europe Experts : « en termes de pourcentage par rapport à la population, nous ouvrons la porte à très peu de migrants, affirme-t-il. Ce qui n’empêche pas l’exécutif d’avoir un discours inverse. Si vous écoutez Valls et Cazeneuve, ils sont toujours dans la ritournelle rocardienne du “on ne peut pas accueillir toute la misère du monde, mais on prend notre part”. En réalité, affirme Serge Slama, les chiffres montrent que la France ne prend, justement, pas assez sa part. Si Manuel Valls résiste aux quotas, c’est parce qu’il sait qu’avec un tel système, la France devrait accueillir bien plus de demandeurs. […] Il y a des élections à venir, rappelle encore le chercheur. Il ne veut pas envoyer de signaux trop favorables à l’accueil des immigrés. Il est très prudent sur ces questions, comme on l’a vu au sujet de la régularisation des sans-papiers. »
Valls - Sarkozy même combat ?
Du coup, La Charente Libre s’agace : « il arrive qu’il vaille mieux se couler dans l’opinion dominante quitte à se rattraper aux branches un peu plus tard plutôt que tenter l’impossible en remontant les courants contraires. C’est ce que Manuel Valls a dû se dire samedi à Menton en se déclarant opposé aux “quotas de migrants” répartis entre pays de l’Union européenne tel que Bruxelles l’avait suggéré mercredi dernier. En cela, le Premier ministre ne fait que rejoindre Nicolas Sarkozy, pointe le quotidien charentais, qui affirmait au même moment qu’on ne pouvait accueillir “des gens pour lesquels nous n’avons pas d’argent, pas de travail et pas de logement”. De Londres à Budapest et en passant par Paris, toute réserve à ce discours est balayée par les calculs politiques du moment. […] Aucun gouvernement, de gauche, de droite et même d’extrême-droite, ne pourrait échapper à la solidarité avec l’Italie que la situation en Méditerranée exige. L’Europe unie est seule capable de lutter contre les trafics et de sauver les migrants en détresse, mais elle a les mains liées. »
Et « s’il est pourtant un sujet dont l’Europe devrait s’emparer, renchérit Sud Ouest, c’est bien celui de l’immigration, et notamment du cas de ces vagues de migrants qui posent à notre continent un problème inédit par son ampleur. Peut-on laisser chaque pays traiter séparément la question et se renvoyer les réfugiés comme on se renvoie la balle ? Evidemment, non. Du nord au sud, tout le monde est concerné et doit réagir en harmonie. »
Enfin, L’Humanité enfonce le clou : « les quotas, même si le mot paraît inapproprié s’agissant d’êtres humains, auraient au moins le mérite, dans un premier temps, de mettre les pays de l’Union devant leurs responsabilités collectives. Bien sûr, cette solution louable resterait très insuffisante et évidemment imparfaite devant l’ampleur des drames et les milliers de vies suspendues au gré des flots. Pour que l’horreur cesse et que la Méditerrané ne soit plus un cimetière à mer ouverte où se noient nos belles consciences, conclut L’Humanité, il faudra d’abord que l’argent aille à la coopération et au développement, pas aux dispositifs ultra sécuritaires inopérants. »
Valls soutient Vallaud-Belkacem
Manuel Valls, toujours, signe une longue tribune ce matin dans Libération en faveur de la réforme du collège… « Notre école n’a pas failli, écrit le Premier ministre. Pourtant, les études internationales le montrent de manière indiscutable : elle est devenue l’une des plus inégalitaires d’Europe. C’est-à-dire qu’elle avance à rebours de sa promesse initiale. Il fallait donc agir. […] Cette réforme du collège se fera, car c’est une réforme pour l’égalité. […] Je refuse, poursuit Manuel Valls, de penser qu’une vie se décide quand on a 11 ou 12 ans, et que les orientations futures se déterminent dès l’entrée au collège. Tous les enfants doivent pouvoir accéder aux filières pour lesquelles ils montreront le plus d’aptitudes. »
Evolution…
A la Une également, l’Eglise protestante unie de France qui se prononce en faveur de la bénédiction nuptiale des couples homosexuels…
« C’était il y a trois ans, la bataille faisait rage. Les protestants n’avaient rien dit, rappelle La Nouvelle République du Centre Ouest. Ils observaient, réfléchissaient et débattaient sans tapage. Loin des fumigènes, des slogans et des cris de ralliement, sans Frigid Barjot ni processions de pénitents. En protestants, quoi. Ils ont tranché hier au terme d’un synode réunissant le principal de leurs forces. Le mariage gay, validé par la loi des hommes, pourra entrer au temple et y recevoir ce supplément spirituel qui n’en fait pas un contrat tout à fait ordinaire. »
« Certes, calvinistes et luthériens constituent une faible proportion des chrétiens français. Mais c’est un signe important de l’évolution des mœurs dans notre pays, pointe Le Journal de la Haute-Marne. Les protestants ont toujours accompagné les mouvements profonds de la société. C’était déjà le cas en matière de sexualité lorsqu’il y a eu débat sur la pilule. Ils en ont rapidement approuvé le principe au nom de la liberté des femmes. De la même manière, ils intègrent dans leur réflexion la réalité homosexuelle. »
La Croix, pour sa part, s’interroge… « Si les protestants le font, l’Église catholique devra-t-elle elle aussi le faire ? » Pas forcément, répond en filigrane le quotidien catholique : « si l’on est convaincu que telle ou telle évolution ne correspond pas à nos convictions, pourquoi devrions-nous l’adopter ? Pourquoi ne pas affirmer sereinement notre différence ? »