Cette ville de Louisiane fut particulièrement clémente à l'égard des Africains, notamment dans le quartier de «Congo Square» où les traditions pouvaient s'exprimer en toute liberté durant les heures sombres de l'esclavage. C'est donc dans cette cité multiculturelle que Dee Dee Bridgewater semble avoir élu domicile en compagnie du jeune trompettiste et chef d'orchestre Irvin Mayfield. Les parades multicolores des orchestres néo-orléanais et les festivités de Mardi Gras durant lesquelles la population accompagne les musiciens bardés de plumes et de costumes scintillants ont subjugué la native de Memphis (Tennessee).
La Nouvelle-Orléans est une ville de légende, dans le sens propre du terme, où survivent depuis des siècles des traditions, des contes, des mystères entretenus par des personnages historiques, comme par exemple, aujourd'hui, le pianiste et chanteur Dr John dont la musique, les propos et l'attitude intimident et fascinent. De son vrai nom, Mac Rebennack, cette imposante figure de New-Orleans est aujourd'hui un pilier de la culture Louisianaise. Pour son nouvel album, «Dee Dee's Feathers» (Okey Records), Dee Dee Bridgewater tenait absolument à enregistrer un duo avec celui qu'elle appelle affectueusement « Mac ».
La rencontre discographique de ces deux personnalités est un événement qui entrera, peut-être, dans l'histoire mais, plus certainement, ravivera la flamme vitale de la Nouvelle-Orléans, berceau d'une forme d'expression unique, le jazz, née des rythmes africains et des harmonies européennes, née d'une rencontre fortuite entre esclaves noirs et colons blancs, née d'un choc culturel aussi douloureux qu'inattendu mais dont la puissance artistique a traversé les décennies et les continents.
Les tambours de la Nouvelle-Orléans portent cette tonalité africaine indéniable et intemporelle. Pour retrouver l'essence de cette musicalité originelle, Dee Dee Bridgewater a fait appel à un autre musicien exceptionnel, le percussionniste Bill Summers, ancien partenaire d'Herbie Hancock et actuel leader des Headhunters.
Comme elle nous l'a prouvé, une nouvelle fois, lors de la Journée Internationale du Jazz qui se tenait le 30 avril 2015 à l'Unesco à Paris et dans 185 pays dans le monde, Dee Dee Bridgewater défend avec passion les valeurs de tolérance et de respect que le swing afro-américain continue de porter au XXIe siècle.
Nul doute que son engagement artistique brillera à nouveau sur les scènes internationales cet été, et notamment, le 27 juin à Vienne, le 3 juillet à Montréal, le 30 juillet à Narbonne, et le 23 septembre 2015 à Paris à l'Olympia.