A la Une : blocage politique en Guinée

Nouvelle manifestation ce jeudi en Guinée. Toujours pour exiger du changement dans le calendrier électoral. Mais les journées de mobilisation se succèdent, et Guinée Conakry Info s’interroge sur la stratégie de l’opposition. « En y réfléchissant un tant soit peu, on se rend compte que les leaders de l’opposition ont péché, soit par angélisme, soit par bêtise » juge Guinée Conakry Info

« En effet, alors que le terrain politique se gagne souvent par "effet de surprise", l’on est vraiment ébahi de voir et d’entendre le porte-parole de l’opposition égrener avec emphase tout le chapelet des activités que les partis vont dérouler dans les prochaines semaines. […] L’opposition est aujourd’hui en difficulté car elle n’a point su surprendre le pouvoir », analyse le site.
« L’opposition ne pourra gagner par la force. Elle n’est pas faite pour ça. Dans sa rage de "chasser’" Alpha Condé du pouvoir, l’opposition guinéenne a oublié deux choses qui font toute la différence: la Guinée n’est pas le Burkina Faso et les Burkinabè eux-mêmes pour faire ce qu’ils ont fait, n’ont pas eu besoin d’ameuter toute la terre », conclut  Guinée Conakry Info.
 
Condé comme Wade et Gbagbo ?

Au Burkina, le journal Le Pays s’interroge sur la tournure de la présidence d’Alpha Condé. « Le morceau de bois a beau séjourner dans le marigot, il ne deviendra jamais caïman. Cette maxime africaine semble bien coller au président guinéen pour certaines de ses prises de position, tant il donne l’impression de se comporter toujours en opposant », juge Le Pays.

« Même si ses adversaires d’hier n’ont pas changé, en rechignant à se montrer bon prince, l’on se demande finalement de quoi a peur Alpha Condé pour adopter une telle posture. Est-ce par esprit de vengeance ? Est-ce par calculs politiques ? », s’interroge le journal ouagalais, qui choisit une comparaison assez dur pour le président guinéen.

« En tout état de cause, l’on ne peut pas être démocrate à moitié, admoneste Le Pays. Soit on l’est, soit on ne l’est pas. Aussi pourrait-on se demander s’il ne faut pas finalement désespérer des opposants historiques africains. Car, l’attitude d’Alpha Condé n’est pas sans rappeler celle de Abdoulaye Wade et de Laurent Gbagbo qui, une fois au pouvoir après de dures et longues années dans l’opposition, ne se sont pas montrés meilleurs démocrates que ceux qu’ils avaient combattus. »

Attention, Togo inflammable

Le Pays a aussi la dent dure avec le président togolais. « Avant que les cinq candidats en lice ne se lancent dans l’arène pour le premier et unique round, de gros nuages s’amoncèlent dans le ciel togolais. En effet, le président Faure Gnassingbé a récemment averti l’opposition qu’il ne tolérerait pas la pagaille, à l’issue du scrutin. Le président Faure a-t-il vraiment besoin de bander les muscles contre ses challengers qui lui ont ouvert un boulevard en allant à cette élection en rangs dispersés ?  L’opposition n’ayant pas pu désigner un seul candidat pour l’affronter, Faure est  quasi assuré de remporter ce scrutin », juge le journal.

« En travaillant à réveiller de vieux démons de la violence qui mettraient le Togo sens dessus dessous, le président sortant ternirait une victoire qui lui sourit déjà. »

Hitler et Daech, nouveaux héros de la jeunesse tunisienne

C’est le titre de la chronique hebdomadaire du journaliste Marouen Achoun sur le site tunisien Business week, après que des banderoles à la gloire de Daech et d’Adolf Hitler ont été dressées dans des lycées pour fêter le bac de sport. « La question qui se pose est de savoir si les élèves qui ont glorifié Daech et Hitler l’ont fait par ignorance ou par conviction. La réponse est probablement négative », tranche l’auteur.
« C’est l’ignorance qui pousse ces enfants dans les bras des extrémismes de toutes sortes. Quand on laisse des gamins s’abreuver de Youtube et de Facebook, il n’est plus étonnant de les voir développer des référentiels étrangers à leur cadre de vie […] Un gamin de 18 ans à Kairouan ou à Jendouba a le choix entre le café, le bar et la mosquée pour son temps libre, rien de plus. Aucun encadrement n’est fourni à ces enfants, plus de maisons de jeunes, plus de cinémas, encore moins de théâtres. Les livres, n’en parlons même pas ! », s’exclame-t-il.

« Que la Tunisie soit un pays démocratique qui possède l’une des meilleures constitutions du monde ne changera rien au quotidien de ces enfants. On retourne doucement vers ce qui était de mise à l’époque de Ben Ali. Le "tout va bien dans le meilleur des mondes" reprend peu à peu son espace et dans notre hypocrisie collective, on préfère détourner le regard plutôt que d’admettre que ça ne va pas » conclut un Marouen Achoun pessimiste.

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