Audiovisuel français: le CSA sur tous les fronts

En France, le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) est au centre de toutes les attentions, avec d'un côté la grève à Radio France qui continue, mais aussi la nomination du prochain président de France Télévisions, et également le rachat de la chaîne Numéro 23.

C’est l’histoire d’une grève à Radio France qui dure, qui dure, au point de battre un record de longévité au sein du groupe : 18 jours d’arrêt de travail. Mathieu Gallet, PDG fragilisé par une motion de défiance et de nouvelles révélations de l'hebdomadaire Le Canard enchaîné sur ses dépenses en conseils quand il présidait l’INA, se dit victime d’une « cabale organisée » ou d’un « réseau de l’ombre ».

Certains syndicats demandent son départ. « Je ne démissionnerai pas, j’irai jusqu’au bout, rétorque-t-il. J’ai été nommé à l’unanimité il y a un peu plus d’un an par le CSA, et seul le CSA peut me retirer mon mandat. » Le CSA lui a renouvelé sa confiance la semaine dernière et ne peut, il est vrai, se déjuger en lâchant le président de Radio France qu’il a lui-même nommé.

De son côté, le gouvernement étudie avec circonspection le plan stratégique que lui a soumis Mathieu Gallet le 1er avril. Ira-t-il apporter à Radio France l’aide financière qu’il réclame pour sortir de l’impasse ? Limitera-t-il la portée des économies exigées ? Mardi, la Cour des comptes a mis un peu plus le CSA dans l’embarras. Car ce « réquisitoire accablant sur la gestion de Radio France pendant dix ans », selon les mots de Fleur Pellerin, la ministre de la Culture, pointait la responsabilité de l’ancienne tutelle et donc de l’ex-ministre Frédéric Mitterrand, dont Mathieu Gallet était le bras droit.

Compliqué pour le CSA de renier un patron mis en cause par le gouvernement alors qu’il a fait de cette nomination un gage d’indépendance. Et tout aussi compliqué pour le gouvernement de demander la tête d’un patron nommé, non par le pouvoir exécutif mais par le CSA, comme le veut sa nouvelle loi sur l’audiovisuel public.

Mais l’instance présidée par Olivier Schrameck doit aussi répondre à des critiques sur la procédure de nomination du futur PDG de France Télévisions. Pour susciter des candidatures de dirigeants en poste, et respecter selon lui une disposition du Conseil constitutionnel, il va auditionner à huis clos une liste restreinte parmi les 33 candidats qui ont déposé un dossier. Sur quels critères ? Mystère. Edwy Plenel, le président du site d'information en ligne Mediapart, fustige une procédure peu démocratique.

Enfin, le CSA devra répondre à une nouvelle question avec le rachat annoncé de la chaîne Numéro 23 par le groupe d’Alain Weill, qui se propose de l’adosser à RMC Découverte. Faut-il avaliser le rachat pour 90 millions d’euros d’une chaîne qui s’était présentée devant le CSA, il y a deux ans, avec l’étendard de la diversité et de l’indépendance pour avoir des fréquences gratuites, et ce peut-être justement au prix de la diversité ?

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