Des chiffres circulent çà et là sur les réseaux sociaux, mais attention, rapporte le quotidien nigérian The Guardian, « la présidence et l’INEC, la Commission électorale nationale indépendante, exhortent les Nigérians à ne pas tenir compte de ces chiffres », qualifiés d’ailleurs de faux. La Commission électorale qui annonce que les résultats définitifs devraient être connus ce mardi à midi.
En tout cas, le scrutin a « d’ores et déjà été jugé démocratique par l’Union africaine et par plusieurs ONG », pointe le site d’information de Jeune Afrique. Toutefois, Washington et Londres ont fait part de leur inquiétude. Saluant le vote dans le calme pour cette élection, les Etats-Unis et la Grande-Bretagne, poursuit Jeune Afrique, notent qu’il y a des indications inquiétantes « à propos d’éventuelles interférences politiques délibérées dans le processus de collecte des voix. »
Craindre le pire ?
C’est donc l’attente, le suspense mais aussi la violence, déplore le site Guinée Conakry Infos. « Le système informatique ayant souvent bégayé, l’on est revenu aux vertus des phalanges. Ce qui soulève toutes les suspicions du monde. Le camp Buhari dénonce déjà des fraudes massives pouvant compromettre dangereusement la moralité des consultations populaires. Ce qui fait même craindre le pire aux prochaines élections des gouverneurs et des députés locaux qui auront lieu le 11 avril prochain. Comment dans ces conditions, s’interrogeGuinée Conakry Infos, proclamer les résultats provisoires puis définitifs de ce triple scrutin présidentiel, législatif et sénatorial à plusieurs inconnues ? A Port Harcourt, à Kano, à Abuja ou Lagos, la marmite sociale est en ébullition chauffée par les contradictions ethno-politico-religieuses, attisée par les ambitions personnelles des deux premiers présidentiables. Goodluck qui s’accroche visiblement et Buhari qui croit en toutes ses chances, malgré ses 72 ans. »
Et Guinée Conakry Infos de conclure : « les démons se logeant bien souvent dans les détails, des débordements intempestifs, des velléités contestataires ou des comportements ethniques de nature à déstabiliser ce géant d’Afrique, sont à craindre. Les crises récurrentes du Nigeria provoquent toujours des dégâts sociopolitiques pour l’Afrique. Elles tétanisent tous les efforts pour le combat démocratique. C’est dans cette atmosphère volatile que le monde attend les résultats de ce vote historique. »
« L’atmosphère s’alourdit au fil des heures, s’inquiète le quotidienAujourd’hui au Burkina, les militants de chaque camp rongent leur frein, attitude se traduisant parfois par des actes déplorables. C’est le cas dans l’Etat de Rivers qui a connu des violences et des contestations de l’opposition qui dénonce des fraudes. »
Des lendemains incertains…
Et finalement, pointe Aujourd’hui, « Boko Haram apparaît de moins en moins être la plus grande menace à craindre. Le danger, si l’ont peut le qualifier ainsi, pourrait se profiler donc, dans l’après-proclamation des résultats. Et si le patron de l’INEC est sur le qui-vive, il n’est pas le seul, les forces de l’ordre, et même le Nigérian lambda, ne savent pas avec quels lendemains ils se réveilleront dans les jours à venir. Le sort que réserveront les Nigérians aux résultats semble désormais être la plus grande source d’inquiétude. Vont-ils faire le travail de Boko Haram à sa place ? Wait and see ! »
« Des lendemains incertains », renchérit le site d’information guinéen Djely.com. « Vu la tension qui règne sur place ces dernières heures, des troubles sont à redouter après la proclamation des résultats. La situation est particulièrement crispée par la soif de victoire des camps protagonistes. Ainsi, de part et d’autre, on revendique déjà la victoire dans telle ou telle circonscription. De même, on crie à la fraude. Ces déclarations, venant raviver des souvenirs pas forcément heureux entre Goodluck Jonathan et Mohammadu Buhari, font du Nigeria une cocotte-minute prête à exploser. Une perspective qui, au-delà des conséquences fâcheuses immédiates, remettrait au second plan les défis énormes qui attendent le nouveau président estime Djely.com. Défis au nombre desquels la lutte contre le terrorisme. Certes, avec l’aide des voisins en général et du Tchad en particulier, Boko Haram a perdu de sa superbe. Mais eu égard aux ambitions que nourrit le Nigeria, il n’est pas dans son intérêt de continuer à sous-traiter cette question qui, dans les conditions normales, relève de sa souveraineté exclusive. A moins qu’il ne veuille demeurer le géant aux pieds d’argile qu’il incarne aujourd’hui. »