A la Une: les élections au Nigeria

« Un dépouillement sous tension après le second jour de scrutin », s’exclame le quotidien nigérian The Guardian. « Les Nigérians attendent dans l’anxiété les résultats de la présidentielles et des législatives », constate également le quotidien The Nation.
En effet, rien n’est encore joué dans ces élections générales au Nigeria. Le scrutin s’annonce serré entre le président sortant Goodluck Jonathan, 57 ans, et son rival Muhammadu Buhari, 72 ans, candidat du Congrès progressiste.

Les opérations de vote ont dû se poursuivre hier en raison d’incidents techniques liés au système de reconnaissance électronique des empreintes des électeurs. Le site d’information Guinée Conakry Infos note que « le président sortant, Goodluck Jonathan, a lui-même eu du mal à accomplir son geste citoyen, sa carte d’électeur n’ayant pu être identifiée, depuis son village natal d’Otuoke, dans l’Etat de Bayelsa, pour des raisons techniques. Tout ceci, sous le regard perplexe des nombreux observateurs nationaux et internationaux. L’INEC, la Commission nationale électorale indépendante, promet les résultats dans les 48 heures suivant la fin du vote, relève le site guinéen, grâce au traitement rapide que pourra réaliser ce nouveau système électronique, qui inquiète cependant plus d’un, en raison des probables pannes et des fraudes possibles. Mais Goodluck est confiant, rapporte encore Guinée Conakry Infos : 'tout ce qui est nouveau présente des défis, a-t-il dit. Et je suis sûr que cette élection va être un succès'. »

En tout cas, note pour sa part le quotidien Aujourd’hui au Burkina, « jusqu’à hier dimanche dans la soirée, tandis que les décomptes des bulletins se poursuivaient, rien de catastrophique n’était signalé, ce qui augure d’une réussite dans un pays où l’attente des résultats et surtout, les après-résultats sont sources d’extrême violence. C’est le lieu d’espérer que les vieux démons, qui hantent le souvenir des Nigérians, à l’image de ces 1.000 personnes passées de vie à trépas lors des violences électorales de 2011, ne se réveilleront pas. Un sommeil que les bonnes volontés ont tout fait pour ne pas troubler, allant jusqu’à faire signer un pacte 'de non-agression' par les deux principaux candidats. »

Malgré Boko Haram…

Pour ce qui est de Boko Haram, les menaces de la secte islamiste n’ont pas empêché le déroulement des élections… C’est ce que constate L’Observateur Paalga : « Boko Haram avait menacé de faire échouer le scrutin et on peut dire que, mettant à exécution sa menace, elle aura beaucoup fait pour y arriver : la secte a tantôt attaqué des bureaux de vote, tantôt tiré sur les files d’attente ou encore exécuté plus d’une vingtaine de personnes, notamment dans l’Etat de Borno. (…) Mais malgré cela, les scrutins ont, selon Mike Omeri, porte-parole du gouvernement, atteint un 'taux de participation record'. Et si ce taux se confirmait, ce serait là un échec cuisant pour Boko Haram, pointe L’Observateur Paalga. Chapeau bas donc aux Nigérians qui n’ont pas cédé d’un iota face aux jappements du 'Chacal', comme l’on surnomme le chef de Boko Haram. Les Nigérians ont donc voulu ces élections, Allah les a permises et même bénies. Honni soit alors l’imposteur Shekau, s’exclame le quotidien burkinabé, qui ne fait plus peur et continue d’accumuler les défaites militaires sur le terrain. »

« Si le Nigeria a pu tenir ces élections, c’est déjà une victoire, renchérit Le Pays, toujours à Ouaga. Et cette victoire est à mettre non seulement à l’actif du courage pour ne pas dire la témérité du peuple nigérian, mais aussi, il ne faut pas l’oublier, à l’actif de la vaillance des soldats tchadiens et nigériens. Ces derniers ont notamment aidé à rendre le scrutin possible au Nord-Est du Nigeria, en débarrassant, au prix de bien des sacrifices, des localités de cette zone de la férule satanique de Boko Haram. Sans cela, l’on peut parier que les populations du Nord-Est du pays ne se seraient pas bousculées devant les bureaux de vote comme on l’a constaté ces deux derniers jours. En attendant les résultats, l’on peut être sûr d’une chose, pointe encore Le Pays. Le vainqueur aura d’immenses défis à relever. Les plus urgents sont les difficultés liées à la chute libre du coût du pétrole, principale ressource du Nigeria ; la lutte contre la corruption, ce mal chronique du pays ; le chômage des jeunes ; et la lutte contre Boko Haram. Le nouveau président sera particulièrement attendu sur ces chantiers. Et les réponses qu’il va y apporter nous diront si oui ou non, les électeurs nigérians ont fait le bon choix. »

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