Après neuf jours d’interruption partielle des antennes, les syndicats de Radio France ont reconduit leur grève jusqu’à lundi inclus. Cela aura pour conséquence de perturber fortement la couverture des élections départementales, dimanche, au grand dam du gouvernement. Vendredi, le Premier ministre a eu beau demander l’arrêt de la grève en exhortant le président de Radio France, Mathieu Gallet, d’assumer toutes ses responsabilités … Rien n’y a fait. Manuel Valls a tout fait pour créer de la distance avec ce patron désigné l’an dernier par le CSA et ancien du cabinet de Frédéric Mitterrand sous Sarkozy. A la suite de sa ministre Fleur Pellerin, il l’a sommé de faire des propositions précises pour redresser l’entreprise tout en renouant avec le dialogue social.
Mais les craintes des syndicats sont loin d’être dissipées. Après un déficit de 21 millions d’euros l’an dernier et des dépenses faramineuses engagées depuis dix ans autour de la rénovation de la Maison de la radio – comme le remplacement de deux orgues pour 1 millions et demi d’euros pièce -, ce sont 200 à 300 départs volontaires qui ont été annoncés mardi. On se retrouve donc avec un service public radio sous tension et un gouvernement qui met sous pression le PDG d’une maison qu’il finance. Qui plus est, Mathieu Gallet a été l’objet de deux articles dans le l'hebdomadaire Canard enchaîné qui l’ont fragilisé. Le premier, pour expliquer qu’il s’était offert pour plus de 100 000 euros la réfection de son bureau. Le second, pour dire qu’il s’était attribué pour 90 000 euros les services d’un communicant privé sur fond public.
Alors, bien sûr, ce bras de fer a pour point d’origine un programme d’économies – on parle de cinquante millions d’euros en cinq ans -, exigé par le gouvernement et qui a des traductions concrètes comme un plan de départs, l’arrêt des ondes moyennes ou la fusion des orchestres. Pour ce genre de partition, il vaut mieux une bonne entente entre le patron et sa tutelle. Une entente dont on ne bénéficie pas Mathieu Gallet et qui va forcément s’imposer à l’esprit du CSA au moment de choisir le président de France Télévisions, en mai prochain. L’actuel patron, nommé par Nicolas Sarkozy, est candidat à sa réélection. Mais il aura face à lui des compétiteurs de poids comme l’ancien patron de Lagardère Active, Didier Quillot ou Marie-Christine Saragosse, la présidente de France Médias Monde (RFI, France 24 et Monte Carlo Doualiya), qui se range parmi les favoris pour avoir pacifié une grande entreprise publique de l’audiovisuel. On dit aussi le CSA soucieux de féminiser la tête de France Télévisions.