Le cœur de l’économie tunisienne visé par l’attentat du Bardo

Les touristes ont été la principale cible des attentats commis à Tunis au musée du Bardo. Un coup dur pour cette activité vitale pour l'économie tunisienne.

Les Tunisiens ont plus que jamais besoin d'un rebond du tourisme, cette activité draine 400 000 emplois, elle représente 7 à 8 % de la richesse nationale et elle souffre depuis 2011, depuis la révolution de jasmin. L'année dernière le nombre de visiteurs a reculé de 6 millions 270 000 à 6 millions. Les Français restent les premiers clients, mais leur nombre a fléchi, par crainte des attentats, mais aussi à cause de la crise.

Cette désaffection a été compensée par l'arrivée massive de vacanciers en provenance d'Europe de l'Est, notamment de Russes, mais avec un pouvoir d'achat moindre. Car le nombre de visiteurs n'est pas forcément essentiel. Compte aussi la durée des séjours et les dépenses sur place.

Parmi les visiteurs présents sur le sol tunisien, il y a aussi un contingent de réfugiés libyens qui pèsent sur l'économie

Le chaos libyen a des conséquences économiques énormes et diverses sur la Tunisie. D'abord sont revenus au bercail 100 000 travailleurs émigrés qui envoyaient de l'argent aux familles. Cette manne a disparu et le retour de ces Tunisiens a grossi le rang des chômeurs. La Tunisie a dû par ailleurs absorber un million de ressortissants libyens sur son sol. Un million c'est le chiffre donné par le ministère du Commerce.

D'après d'autres sources, ce serait près du double. La présence des ces familles a un effet positif. Ces réfugiés ont un pouvoir d'achat assez élevé pour fréquenter les hôtels, les commerces délaissés par les touristes. Mais elle grève lourdement le budget de l'État. En consommant par exemple le carburant subventionné que la Tunisie importe.

Cet attentat meurtrier intervient aussi au moment où le gouvernement s'apprête à lancer des réformes importantes

Ce lundi le premier ministre Habbid Essid a présenté à la presse tunisienne les grandes lignes de ce plan étalé de 2016 à 2020 qui a pour objectif de doper la croissance à un rythme annuel de 7 %. Les réformes structurelles envisagées passent par la simplification des procédures administratives, la lutte contre la corruption et la contrebande qui sévit aux frontières, c'est l'une des priorités, mais aussi des réformes sociales très contestées comme la fin de certaines subventions et le recul de l'âge de la retraite de 60 à 62 ans. Pour 2015 la Tunisie tablait sur une croissance de 3 %, mais l’attentat du Bardo remet en question cette prévision donnée il y a quelques jours par la représentante à Tunis du FMI.

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