La banque chinoise de développement divise les Occidentaux

Après le Royaume-Uni, la France, l'Italie et l'Allemagne s'apprêtent à adhérer à la nouvelle Banque asiatique d'investissement pour les infrastructures, l’AIIB, lancée cet automne par la Chine. Un véritable revers pour les États-Unis qui ont émis les plus sérieuses réserves sur cette concurrente potentielle de la banque mondiale.

Les jours de l'hyperpuissance américaine sont désormais comptés. Faute de pouvoir influencer les institutions financières internationales comme le FMI ou la Banque mondiale dominés par les Européens et surtout par les Américains, les Chinois créent leurs propres instruments et, à la surprise générale, les Occidentaux se précipitent à Pékin pour y adhérer.

Le Royaume-Uni a été le premier pays du G7 à annoncer sa participation dans cette future banque de développement qui sera basée à Shanghaï. D'après des sources européennes, la France, l'Allemagne et l'Italie vont lui emboiter le pas. En Asie, l'Australie et la Corée du Sud sont en train de reconsidérer leur position. Seul le Japon fait encore de la résistance.

Les États-Unis sont très réservés sur le fonctionnement de cette nouvelle banque de développement

Pékin met 50 milliards de dollars dans ce projet et aura une large majorité dans le processus de décision. Les États-Unis se demandent, à juste titre, si la banque aura des exigences aussi élevées que la Banque mondiale en matière d'environnement, de gouvernance, de droits de l'homme pour accorder un crédit. C'est pourquoi Washington a conseillé à ses alliés de se tenir à l'écart de cette future institution.

En parallèle les États-Unis ont poussé le partenariat transpacifique, un traité qui exclut... la Chine ! Mais Pékin a là aussi allumé un contre-feu cet automne en proposant une alliance régionale alternative englobant la Chine et la Russie. L’hégémonie américaine est aujourd’hui de plus en plus remise en cause en Asie.

Qu'est-ce qui attire les Occidentaux dans cette entreprise ?

Leurs motivations sont en grande partie commerciales. C'est maintenant devant le Renminbi qu'on s'incline. C'est évident pour les pays voisins de l'empire du Milieu. La Corée du Sud expédie le quart des ses exportations vers la Chine. L'Australie l'essentiel du fer et du charbon extrait de son sous-sol. Quant aux pays européens, ils sont actuellement en compétition pour devenir la plate forme financière du yuan, ils trouvent dans ce projet un moyen parmi d'autres de gagner les faveurs de Pékin.

La banque est amenée à jouer un rôle clé dans le développement des nouvelles routes commerciales que Pékin entend promouvoir. Pour faire renaitre les routes de la soie, par la terre ou par la mer, il faut des chemins de fer, des ports, des routes, autant de projets d'infrastructures que la future Banque asiatique d'investissement financera.
 


♦ En bref dans l'actualité économique

Les Suisses passent au 45 heures pour contrebalancer le rebond de leur monnaie

Incroyable, mais vrai… Dans une vingtaine d’entreprises exportatrices, les salariés ont accepté sans broncher l’augmentation de la durée du travail, de 40 à 41 voire 45 heures par semaine. La mesure est provisoire, en contrepartie leur employeur s’engage à ne pas licencier pendant cette période. Depuis que la banque centrale suisse a abandonné le soutien de sa devise, elle a grimpé en flèche, ce qui fait pénaliser les industries exportatrices.

La bourse allemande est la principale bénéficiaire du vaste programme d’assouplissement monétaire lancée par la BCE

Ce programme de rachat de dettes publiques a porté la place de Francfort à un plus haut historique. Hier, le Dax a franchi la barre des 12 000 points grâce à l'argent frais distribué par la banque centrale européenne. Cela veut dire que l'assouplissement monétaire fonctionne, ce dynamisme doit maintenant se transmettre aux autres places financières européennes.

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