La parité se rapproche de la télé des bimbos

Evoquons avec Amaury de Rochegonde, la représentation des femmes dans les médias audiovisuels avec l’adoption d’une délibération du CSA visant à défendre leurs droits sur les antennes.

« Juste représentation des femmes dans les médias audiovisuels », « lutte contre les stéréotypes »… Les ministres Marisol Touraine et Fleur Pellerin, en charge des Affaires sociales et de la Culture, ont uni leur voix hier pour assurer qu’il ne s’agissait pas là de mots creux. Car cette fois ça y est, un délibéré du CSA est entré en vigueur le 1er mars, on va enfin pouvoir mesurer « l’égalité réelle entre les hommes et les femmes » sur les antennes, comme le veut la loi du 4 août 2014. Alors, serait-ce la fin des privilèges d’un genre sur un autre ? Il y a de quoi être sceptique quand on voit la chaîne D8 de Canal+ sortir cette semaine son nouveau programme de télé réalité-nudité, « Adam recherche Eve »… Et non pas l’inverse.

La télé française ne compte que 36% de femmes à l’antenne alors qu’elles sont 52% dans la population. Les chaînes privées en particulier ont collectionné les programmes à clichés où les femmes sont volontiers apparentées à des bimbos. Il suffit de regarder Les Anges de la téléréalité sur NRJ 12, Les Princes de l’amour sur W9, Bachelor sur NT1 ou hier l’Ile de la tentation sur TF1. Le Conseil supérieur de l’audiovisuel avait d’ailleurs relevé que ces femmes transformées en objet de désir constituaient in fine « des modèles auxquels beaucoup aspirent sachant qu'il n'y a pas d'ascension sociale ».

Mais, en même temps, comme le note Sylvie-Pierre Brossolette, du CSA, il y a quand même des progrès. D’abord, France Télévisions s’est fixé pour objectif d’avoir dans ses émissions 30% de femmes expertes - et même 35% à la fin 2015 - alors c’était plutôt 18-20% auparavant. C’est ainsi qu’on vu apparaître dans l’émission C dans l’air de France 5 des expertes ou des journalistes femmes. Ensuite, les chaînes vont être invitées à faire des relevés de leur action pour montrer leurs progrès dans la lutte contre les stéréotypes dans les fictions, la téléréalité et les programmes jeunesse où l’on se méfie de maman à la cuisine et papa sur son tracteur. En janvier prochain, elles devront présenter un rapport dont les conclusions seront rendues publiques.

Le CSA vérifiera tous les ans si les télés et les radios diffusent bien des émissions luttant contre les préjugés sexistes et la violence faite aux femmes. Il espère convaincre plutôt que de contraindre mais pourra néanmoins sanctionner les médias sexistes. Seule la représentation des femmes dans l’état-major des sociétés audiovisuelles n’est pas dans sa mission. Même si c’est quand même bien le gendarme - ou la gendarmette - de l’audiovisuel qui nommera le 22 mai le futur patron – ou la future patronne - de France Télévisions.

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