A la Une: Areva sur la corde raide

« Areva menacé de démantèlement : alerte sur la filière nucléaire », s’alarme L’Humanité. « Areva, quel avenir ? », s’interroge La Nouvelle République. « Nucléaire français : les défis du sauvetage », lancent Les Echos.

 
En effet, il y a urgence, constate le quotidien économique : « des “décisions malheureuses”, une “déficience” dans la gestion de ses grands projets et un “manque d’adaptation” après l’accident de Fukushima : le président d’Areva, Philippe Varin, n’a pas caché, hier, la lourde responsabilité du groupe dans la perte nette affichée en 2014 : 4,8 milliards d’euros pour un chiffre d’affaires de 8,3 milliards d’euros. Alors qu’Areva prévoit encore plusieurs années difficiles, dans un contexte de marché peu porteur, les doutes n’ont pas été totalement levés hier sur la capacité de l’équipementier nucléaire public à engager son redressement. »

Et pour Les Echos, « l’heure est peut-être venue de s’interroger sur la pertinence du modèle intégré d’Areva. Défendu par Anne Lauvergeon, qui porte une lourde responsabilité dans la déroute actuelle, cette vision d’un généraliste de l’atome, capable de se positionner sur l’ensemble des métiers du nucléaire, est-elle encore pertinente pour un groupe qui traverse une crise aussi majeure ? L’heure est grave et appelle donc un traitement de choc et une révolution culturelle qui accepte de briser des tabous. »

Alors quelle solution ? Dans l’immédiat, relève Libération, « le mot “licenciement” est tabou. “Il n’y aura pas de carnage social”, a promis le ministre de l’Economie, Emmanuel Macron. “Pas de licenciements prévus”, ont renchéri les ministres du Travail et de l’Energie, François Rebsamen et Ségolène Royal, et le Premier ministre, Manuel Valls. Oui, mais il y aura bien des réductions d’effectif, affirme Libération. Les syndicats les estiment à 15 %, soit plus de 6 000 postes. »

Par ailleurs, l’Etat, actionnaire principal, envisage un rapprochement entre Areva et EDF. C’est ce qu’annonce Le Figaro : « François Hollande a demandé mercredi soir aux deux entreprises de travailler à un “rapprochement qui pourrait être annoncé dans quelques mois”. »

Pour Ouest France, ce serait une bonne porte de sortie : « le groupe, désormais sans forte capacité d’investir, échappera-t-il à une recapitalisation par les pouvoirs publics qui plaident pour une convergence avec EDF ? L’union faisant la force, comment pourrait-on se priver d’un tel scénario souhaité par le président de la République ? En guerre sous les présidences d’Anne Lauvergeon et d’Henri Proglio, les deux groupes sont condamnés à conquérir ensemble des marchés devenus ultra-concurrentiels à l’international. »

Tourner la page du nucléaire ?

En tout cas, le choc est rude… « On éprouve toujours un sentiment de catastrophe, soupire La Croix, lorsqu’un géant industriel annonce de très lourdes pertes comme, hier, les 4,8 milliards d’euros sanctionnant les comptes 2014 du groupe Areva. C’est un choc, d’autant plus fort qu’il concerne un des domaines où l’industrie française joue en première division au niveau mondial. Il y a là de quoi nourrir encore la hantise du déclin qui habite en permanence la société française. […] L’entreprise a besoin d’être réorganisée, reconfigurée. Mais prenons le pari, s’exclame La Croix : elle va repartir de l’avant. »

La Nouvelle République du Centre-ouest est moins optimiste… « Même avec le traitement de choc que compte s’infliger Areva, rien n’indique que le groupe se prépare un avenir doré. Dans le marché international de l’après-Fukushima ses multiples retards et l’explosion des budgets sur ses chantiers EPR ont terni sa réputation pour de longues années. L’État devra affirmer ses ambitions. Il ne peut se contenter qu’Areva vivote sur le carnet de commandes qui est le sien. Le nucléaire reste un secteur stratégique et c’est un domaine dans lequel la France reste en pointe. Et, si le gouvernement souhaite rééquilibrer sa balance commerciale rapidement, il lui sera difficile de le faire sans le nucléaire. »

Finalement, conclut La République des Pyrénées, « le modèle nucléaire français n’est plus ce qu’il était. Les pertes colossales d’Areva placent désormais cette entreprise en situation de faillite virtuelle […] et sont peut-être l’occasion de tourner une nouvelle page. Il faut arrêter avec cette politique d’un autre siècle, où l’on menait grand train avec des investissements douteux. […] Il faut regarder le nucléaire en face : maintenant, on s’aperçoit que son prix n’est plus si compétitif, affirme encore le quotidien béarnais. Les exigences de sécurité étant de plus en plus grandes, ce qui renchérit le coût du nucléaire, la Cour des comptes a estimé le mégawatt heure nucléaire “entre 70 et 90 euros”, c’est-à-dire, à parité avec le mégawatt des éoliennes terrestres ! »

Les départementales : affaire mal engagée ?

Dans les journaux également, les prochaines départementales… « Le PS craint une défaite historique », titre Le Figaro. « Le premier tour du scrutin, le 22 mars, pourrait s’avérer particulièrement dévastateur pour les candidats socialistes. Scénario noir, la perte d’une grande partie des départements actuellement détenus par le PS pourrait bien se concrétiser. »

Et, « la douleur des socialistes est d’autant plus vive, constate le quotidien d’opposition, que ceux à qui ils sont censés s’adresser prioritairement, les classes populaires, les fuient pour le Front national et ses pétaradantes promesses de Grand Soir. François Hollande souhaite “arracher les électeurs au FN” ? Pourquoi pas mais avec quels arguments ?, s’interroge Le Figaro. S’il s’agit de célébrer benoîtement les vertus du fameux “vivre ensemble”, l’affaire est mal engagée… S’il s’agit de poursuivre une politique économique qui a pour conséquence d’aggraver le chômage et la désespérance, la mission relève de l’impossible. S’il s’agit de lever de nouveaux impôts pour tenter de compenser des dépenses inconsidérées, la cause est entendue… »

Irak : ça va mal tourner ?

Enfin, « le choc des deux jihads en Irak », s’alarme Libération. Libération qui nous propose un long dossier sur l’offensive menée actuellement par les forces irakiennes sur la ville de Tikrit, contrôlée par l’organisation Etat islamique. Offensive menée avec l’aide des milices chiites encadrées par l’Iran. Une nouvelle alliance qui effraie les populations sunnites, constate Libération, pour qui ces milices ne valent pas mieux que l’EI. »

Attention danger, commente le journal : « plus de trente ans après un conflit sanglant, au moins 1 million de victimes, l’Irak et l’Iran se retrouvent sur le même terrain, alliés ou ennemis en fonction des factions ou des confessions, et nul besoin d’être devin pour prédire que l’affaire risque de mal tourner. Les Etats-Unis, d’ailleurs, ne s’y trompent pas. Ils prennent bien soin de se tenir à distance de l’offensive, laissant les avions de la coalition sur le tarmac le temps que la situation se clarifie. […] In fine, redoute Libération, les Iraniens risquent de prendre le contrôle de l’Irak relançant une guerre chiites-sunnites meurtrière. Et remettant dans le jeu, par la même occasion, le syrien Bachar al-Assad qu’ils n’ont jamais cessé de soutenir. »

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