La bière chinoise fait mousser les prix de l'orge française. Alors que pratiquement toutes les céréales ont vu leur prix chuter, l'orge se vend à des prix exceptionnels (près de 180 euros la tonne), et la France, comme les autres producteurs européens, profite de l'aubaine. Car l'Europe est à peu près la seule à pouvoir répondre à la demande mondiale. Les grands pays exportateurs d'orge - le Canada, l'Australie et l'Argentine - ont des récoltes pitoyables cette année, à cause des trop grandes pluies. La Russie a imposé une taxe sur ses exportations de céréales, qui renchérit sa marchandise. Ce qui rend l'orge européenne d'autant plus compétitive que l'euro a chuté par rapport au dollar, y compris le dollar australien. Le Royaume-Uni expédie cette semaine et pour la première fois de son histoire une cargaison d'orge vers le Japon.
Comble de chance pour les Européens, la demande en cette céréale est non seulement restée robuste en Arabie Saoudite, premier importateur d'orge au monde - c'est la nourriture de ses chameaux, l'Allemagne va pouvoir lui fournir des quantités record d'orges fourragères. Mais la Chine s'est mise à en acheter massivement à son tour. De l'orge de brasserie pour son industrie de la bière, la première au monde, mais aussi et c'est nouveau, de l'orge fourragère pour son bétail, histoire de combler ce qu'elle n'a pas acheté en maïs OGM auprès des Etats-Unis. Pékin pourrait au total importer près de 4 millions de tonnes d'orge cette année, dont plus d'un tiers fourni par les céréaliers français, soit 1,38 million de tonnes, trois fois et demie ce que l'Europe tout entière a expédié vers la Chine l'an dernier. Une belle consolation pour les céréaliers français, déprimés par la chute des cours du blé.