Le groupe Etat islamique: un défi aux investissements pétroliers selon l'AIE

L'impact du terrorisme islamiste sur l'offre future de pétrole est sous-estimé, selon l'Agence internationale de l'énergie. Son économiste en chef tire la sonnette d'alarme.

L'organisation Etat islamique est un défi majeur pour l'offre de pétrole à venir, estime l'Agence internationale de l'énergie. Son économiste en chef et bientôt directeur général, Fatih Birol, dénonce la « myopie » des marchés : obnubilés par le surplus de pétrole immédiat, ils ne voient pas que l'insécurité au Moyen-Orient et en Afrique du Nord dissuade dès aujourd'hui les investissements nécessaires pour l'approvisionnement de demain.

Dans son rapport de novembre dernier (World Energy Outlook), l'Agence soulignait déjà que les hydrocarbures de schiste américains allaient décliner à partir de 2020. Seul le Moyen-Orient et plus largement l'OPEP seront capables de prendre le relais parce qu'ils ont des réserves autrement plus importantes que les Etats-Unis.

L'Irak est le pays le plus prometteur, il a fourni plus de la moitié de l'offre de pétrole supplémentaire l'an dernier, souligne Francis Perrin, président de Stratégies et politiques énergétiques. Mais ses réserves, les troisièmes au monde, doivent continuer à être explorées et développées. Or la situation sécuritaire n'est pas la plus propice à lancer de nouveaux appels d'offres, reconnaît l'expert.

Dans l'immédiat, ce n'est pas l'organisation Etat islamique qui fait chuter les exportations irakiennes de brut : les jihadistes ont été stoppés dans leur progression en Irak, très loin des champs pétroliers principaux du sud du pays, 95 % de la production. Ce sont des problèmes de qualité du brut et le mauvais temps qui retardent le chargement des tankers à Basrah depuis deux mois, observe Olivier Jakob, de Petromatrix.

La chute des cours du brut pourrait en revanche avoir des conséquences sur l'offre irakienne. Le gouvernement de Bagdad doit faire face à des dépenses militaires accrues, et il a déjà du mal à payer le Kurdistan pour le pétrole que la région autonome s'est engagée à lui fournir depuis décembre, souligne Pierre Terzian, de Petrostratégie ; les compagnies pétrolières étrangères commencent également à s'impatienter, devant les retards de paiement de Bagdad.

Dans ce contexte, avec les incursions de L'Etat islamique en Libye et le ralentissement des forages aux Etats-Unis, les marchés pétroliers ont dû estimer que le plongeon des cours avaient été trop brutal, le baril de Brent a rebondi de 48 à 62 dollars en deux semaines.

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