Il faudra attendre mercredi prochain pour savoir si le Conseil supérieur de l’audiovisuel décide de mettre en garde certaines chaines et radios pour des manquements dans la couverture de la traque des terroristes et leur double prise d’otages. Memona Hintermann, l’une des neuf sages du CSA, a adressé un coup de chapeau aux médias, tandis que son président Olivier Schrameck s’est montré plus circonspect.
Sous l’influence de l’information en continu, des réseaux sociaux et des vidéos qui y sont postées, les médias audiovisuels subissent selon lui « une pression très forte ». S’il n’y a donc pas eu d’erreurs tragiques, on peut s’interroger sur des images et des indications qui ont pu perturber l’enquête et heurter des téléspectateurs.
Sitôt commis l’attentat contre Charlie Hebdo en effet, des images vidéos de l’assassinat du policier se sont retrouvées sur les chaînes et les sites internet. Le Point comme des médias internationaux allant même jusqu’à montrer sans floutage l’exécution. Ensuite, des médias vont révéler très vite l’identité des frères Kouachi et TF1, au risque d’avertir les terroristes, va même jusqu’à dire qu’ils se trouvent vers Reims.
Si Libération et Europe 1 annoncent à tort leur arrestation, tout se complique avec l’imprimerie de Dammartin-en-Goël où France 2 réalise une interview en direct de la sœur d’un jeune homme qui révèle que son frère n’est pas otage mais caché dans l’imprimerie. Et puis, surtout, arrive la séquence de l’Hyper Cacher, où l’on peut suivre la mise en place du dispositif policier et où un journaliste sur BFM TV va signaler qu’il y a une personne cachée dans la chambre froide, sûr qu’il est qu’elle ne risque rien.
Or, on sait que le preneur d’otages Amedy Coulibaly suivait l’évolution de la situation sur les chaînes d’information en continu pour se coordonner avec les frères Kouachi et qu’apparaître sur BFM TV était pour lui un objectif en soi, sachant qu’il est allé jusqu’à téléphoner à la chaîne et tenter de négocier des bandeaux pour faire passer ses revendications.
Alors, certes, les chaînes n’ont pas été pour autant irresponsables. Elles n’ont pas diffusé en direct l’assaut pour ne pas alerter les terroristes et n’ont pas laissé dans leur voix leurs justifications pour éviter de nourrir les sites jihadistes. Un sondage TNS pour La Croix montre un regain de confiance des Français pour les médias dans les jours qui ont suivi l’attentat contre Charlie Hebdo. Mais cela n’empêche pas une petite moitié de considérer que ces mêmes médias ont compliqué le travail de la police et mis en danger la vie des otages.