Au vu des réactions des marchés ce matin, c'est un retour au réel plutôt douloureux pour tout le monde. L'euro plonge, la plupart des places financières européennes ont ouvert en baisse, à la bourse d'Athènes, c'est la panique avec un très net recul des actions bancaires.
Qu'a décidé exactement la BCE ? Dans le cadre du plan de sauvetage de la Grèce accordée par le FMI et l'Union européenne, la Banque centrale européenne fournissait des liquidités aux banques grecques en échange d'obligations publiques grecques, des actifs pourris, dit-on dans le jargon financier, c'est-à-dire peu sûrs et donc en théorie interdits par le règlement de la BCE mais qu'elle acceptait à titre exceptionnel en contrepartie des engagements pris par Athènes. Mais comme la nouvelle équipe Syriza a liquidé la troïka en arrivant au pouvoir, la BCE l'a prise au mot, et sans égard, lui rappelle que sans son soutien sa marge de manoeuvre est quasiment inexistante.
La faillite de l'Etat grec redevient un scénario plausible ?
Si le robinet est coupé, oui la Grèce peut faire faillite et donc sortir de la zone euro. C'est ce que la BCE signifie avec sa décision très ferme. Il est peu probable qu'elle cherche à précipiter un grexit, ce n'est pas dans le rôle d'une banque centrale de provoquer une crise bancaire, voire un tsunami, mais c'est un coup de sifflet en quelque sorte pour dire aux deux équipes, Athènes d'un côté, les créanciers de l'autre, le temps vous est compté.
Le match s'arrêtera le 28 février. Jusqu'à cette date, les banques grecques continueront à bénéficier d'un autre canal de financement, la liquidité d'urgence fournie là encore par la BCE. La reconduction de ce dispositif étant comme les dérogations exceptionnelles sur les titres pourris, soumise à une décision du conseil des gouverneurs de la BCE. Il reste 25 jours pour trouver un accord sur la renégociation de la dette.
Est-ce que la Banque centrale européenne n'est pas en train de sortir de son rôle en fixant le calendrier ?
La BCE est coutumière de ce genre de méthode, elle a fait pression en 2010 sur Dublin comme l'a révélé cet automne la presse irlandaise en publiant une lettre signée de Jean-Claude Trichet, le prédécesseur de Mario Draghi. Elle a fait de même avec Chypre en 2013. C'est un coup de force selon le dirigeant du front de gauche Jean-Luc Mélenchon ; c'est aussi un rôle qu'elle assume malgré elle, laisse entendre ce matin un poids lourd de l'institution gardienne de l'euro.
Dans un entretien au quotidien Les Echos, l'économiste en chef de la Banque centrale européenne, Peter Praet souligne que la BCE a assumé un rôle au sein de la troïka, parce qu'il y avait carence des institutions européennes. La balle est maintenant dans le camp des gouvernants.
EN BREF
Le bras de fer entre la Russie et l'Occident provoque l'exode des résidents étrangers
La communauté allemande a reculé de 30 %, -38 % pour les Britanniques. Selon les chiffres officiels, 470 000 résidents sont partis en un an. Les entreprises étrangères réduisent au maximum leur coût en diminuant le nombre d'expatriés. Et puis les migrants en provenance des alliés de l'ex bloc soviétique, notamment l'Ouzbékistan, sont aussi moins nombreux, à cause de la chute du rouble, et du durcissement des conditions d'immigration.