Wilmar, le géant mondial de l'huile de palme, joue la transparence sur ses ressources. En les cartographiant sur Internet, s'il vous plaît, une première dans le négoce des matières premières agricoles, traditionnellement très secret sur ses approvisionnements. Wilmar contrôlant près de 80 % de la production mondiale d'huile de palme, il a fatalement été impliqué directement ou indirectement dans le saccage des forêts tropicales, réserves de CO2 brûlées à grande échelle, en Indonésie et en Malaisie, au cours des trente dernières années.
Le groupe de Singapour veut mettre fin à cette réputation. Il est vrai qu'il n'a plus trop le choix : tous ses clients de l'industrie agro-alimentaire l'exigent, poussés eux-mêmes par les associations de défense de l'environnement et les consommateurs. Nestlé fut le premier à réagir en 2009 après la campagne de Greenpeace contre ses barres chocolatées, il y eut ensuite Mars, Ferrero et sa pâte à tartiner, puis Rechitt Benchiser ; la multinationale, grande consommatrice d'huile de palme pour ses savons et ses shampoings, s'est à son tour engagée à ne plus acheter que de l'huile de palme de plantations durables d'ici moins de cinq ans.
L'industrie va donc aujourd'hui au-delà des certificats de durabilité sur une petite partie de son approvisionnement, elle veut connaître la provenance de toute sa matière première. Leur fournisseur principal Wilmar est donc obligé de suivre. Avec l'aide de l'ONG The Forest Trust, le géant asiatique de l'huile de palme a concocté un site internet qui fournit la localisation de ses plantations à qui aura reçu un mot de passe. La balle est maintenant dans le camp des ONG locales et internationales : avec l'aide des satellites, elles pourront contrôler que l'huile de palme est cultivée de manière durable et responsable. Une avancée qui pourrait faire des émules dans d'autres filières : soja, coton ou cacao.