Les « dents d’éléphant », comme on dit en Chine, se vendent à prix d’or. Pour un kilo de la matière précieuse, il faut compter au moins 1 600 euros, un prix en hausse de 300% par rapport à 2010. Officiellement, la vente d’ivoire est interdite depuis 1989 afin de protéger les populations d’éléphants menacées. Mais en 1999 et en 2008, la CITES, la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvage menacées d’extinction a renfloué les marchés, en vendant des dizaines de tonnes de stocks saisis au fil des années. Effet pervers : la demande est repartie à la hausse sur le premier marché du monde, la Chine.
Aujourd’hui, une trentaine d’ateliers produisent des objets en ivoire, et près de 150 commerçants sont autorisés à vendre leurs produits. Une structure d’Etat qui sert de vitrine légale pour un trafic largement illégal. 60 à 90% de l’ivoire qui quitte l’Afrique arrive en Chine, selon des estimations. L’Agence d’investigation environnementale à Londres dénonce l’implication d’officiels chinois dans ce trafic lucratif : à l’occasion de la venue d’une délégation d’Etat en Tanzanie, les prix se seraient envolés.
Le gros de la marchandise passe par Hong Kong, plaque tournante de tous les trafics vers le continent chinois : lors d’un contrôle de routine cet été, les douanes ont saisi 32 valises remplies d’ivoire. Valeur estimée : 8 millions d’euros. Des stocks d’ivoire détruits devant les caméras de télévision n’ont pas eu le résultat escompté: rien ne semble pouvoir endiguer la demande pour les bijoux et sculptures blancs albâtre, devenus le symbole même de la nouvelle richesse des Chinois.