Le Giec, le groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat a rendu public, hier, dimanche 2 novembre à Copenhague, son cinquième rapport, sept ans après le précédent. Ses conclusions sont sans appel, relève La Croix : « l’atmosphère et les océans se sont réchauffés, les quantités de glace et de neige ont diminué, le niveau des mers a augmenté et la concentration de CO2 a augmenté pour atteindre un niveau inégalé. » Si rien n’est fait, poursuit le journal, « le monde se dirigerait vers une augmentation de la température moyenne à la surface de la Terre supérieure à 4 degrés en 2100. Un monde peu enviable où se multiplieraient vagues de chaleur, épisodes d’intenses précipitations, submersions liées à l’augmentation du niveau des mers, insécurité alimentaire, et disparition massive d’espèces végétales et animales. »
Mais, « il est encore temps », s’exclame La Croix. « Pour laisser une chance de rester sous les 2 degrés d’ici à la fin du siècle – objectif adopté par la communauté internationale en 2009 –, les émissions de gaz à effet de serre devraient être réduites dans une proportion de 40 à 70 % en 2050 par rapport à 2010 et quasiment nulles en 2100. Un objectif extrêmement ambitieux, qui implique de se détourner des énergies fossiles omniprésentes aujourd’hui dans le système mondial et de limiter drastiquement la déforestation. Ambitieux mais pas impossible, a insisté hier, dimanche 2 novembre, le président du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC). »
Pour autant, « le pessimisme est de rigueur, estime pour sa part L’Est Républicain. En un siècle, la température a grimpé de presque 1 degré et le niveau des mers de 19 centimètres. Un enfant né en 2014 a toutes les chances de connaître l’apocalypse climatique puisque, sur le siècle écoulé, la teneur en dioxyde de carbone est supérieure à celle produite pendant 800 000 ans. D’ici à 2050 il faudra réduire cet accélérateur des gaz à effet de serre de 40 % à 70 %, et les supprimer d’ici à 2100. Le tout dans un esprit de coopération, c’est-à-dire en renonçant aux intérêts particuliers. Autant dire, conclut L’Est Républicain, une belle utopie et un défi immense à relever si l’humanité ne veut pas finir carbonisée. »
Il y a toutefois des premiers pas, souligne La Charente Libre. « En adoptant en octobre un nouveau plan de réduction des émissions de gaz à effet de serre correspondant au minimum requis par les experts du GIEC, l’Union européenne a démontré qu’un compromis était atteignable entre des pays aux intérêts divergents, y compris dans un contexte économique plaçant logiquement la croissance et l’emploi en tête des priorités. Il revient singulièrement à François Hollande, relève le quotidien charentais, de convaincre les plus réticents des pays qui se retrouveront en décembre à Lima pour préparer la conférence de Paris (l’année prochaine). Sa visite officielle débutée hier, dimanche 2 novembre dans un Canada pleinement engagé dans l’exploitation – ravageuse – pour l’environnement de ses ressources en gaz et en pétrole de schiste aura ainsi valeur de test. »
Game of drones…
Environnement et écologie, toujours, avec un souci plus immédiat : ces drôles de drones… Des drones qui ressemblent à des mini-hélicoptères que l’on trouve dans le commerce à partir d’une cinquantaine d’euros, qui peuvent embarquer une caméra et que l’on dirige avec une télécommande ou un Smartphone. Libération s’inquiète, malgré son titre en forme de jeu de mots avec une série à succès : « Game of drones » […] « Depuis quelques semaines, relève le journal, ce sont des survols sauvages qui se multiplient et mettent les autorités, tout comme les associations antinucléaires, sur les dents. Pas moins de treize centrales nucléaires ont ainsi reçu la visite de drones depuis un mois. Sans que les auteurs de ces actes soient identifiés. Et sans qu’il soit établi si ceux-ci sont coordonnés. “Nous n’avons aucune piste”, reconnaît Ségolène Royal, ministre de l’Ecologie et de l’Energie. […] Alors, s’interroge Libé, haro sur le drone ? Non », répond le journal. « Il faut déshabiller les drones de leur uniforme militaire et faire en sorte que le public s’approprie cet outil, affirme Libération. Nous devons hacker le drone comme nous avons hacké l’Internet, pour augmenter notre regard sur le monde en lui donnant une autre dimension. Nous devons revendiquer l’utilisation non-profit du drone, pour le bien de la communauté – des chercheurs, des militants des droits de l’homme, des artistes – et de l’intérêt général, au nom de la créativité, de la transparence et de la démocratie. »
Le Journal de la Haute-Marne est moins visionnaire et plus circonspect… « On aura beau nous expliquer qu’en réalité, ces petits engins ne représentent qu’une menace toute relative, reste encore à prouver que placés entre les mains de terroristes en puissance, ils seraient tout aussi inoffensifs. “Il ne faut pas dramatiser”, tient à préciser la ministre de l’Ecologie et de l’Energie, Ségolène Royal. On est bien d’accord, pointe le quotidien champenois : les auteurs de ces survols n’ont, pour l’instant, pas montré leur dangerosité. Ils ont juste prouvé qu’on pouvait, avec peu de moyens finalement, se jouer des systèmes de surveillance les plus pointus. C’est déjà trop. »
Qui est vraiment le lieutenant-colonel Zida ?
Dans la presse également ce matin, la situation au Burkina Faso… « Après Blaise Compaoré, “au suivant”… », s’exclame L’Humanité en première page. « L’insurrection populaire qui a chassé Blaise Compaoré du pouvoir annonce-t-elle une ère de tourmente pour les dictateurs au pouvoir sur le continent africain ? », s’interroge le quotidien communiste. « Alors que la plus grande confusion entoure encore la transition qui s’amorce au Pays des hommes intègres, où les séides du régime déchu sont encore à la manœuvre, c’est un sentiment de joie qui a accueilli, partout, la chute de Blaise Compaoré. Au Togo, au Cameroun, au Tchad, au Congo, au Bénin, partout où des chefs d’Etat ont trituré des constitutions ou s’apprêtent à le faire pour se maintenir au pouvoir, le souffle de la révolte burkinabé redonne espoir, estime L’Humanité, à ceux qui luttent pour la démocratie et la justice sociale. »
Reste que, comme le constate l’envoyé spécial du Figaro, « dans les rues de Ouagadougou, les habitants semblent ne plus très bien comprendre où va leur pays. “Il n’y a pas de risques. Tout est calme maintenant. Les militaires vont organiser des élections et nous aurons un nouveau président”, veut croire Abé, un chauffeur de moto. Un optimisme que ne partage pas Arsène. Cet étudiant ne veut pas entendre parler “des uniformes. C’est toujours comme ça ici. On croit faire la révolution et ensuite les militaires arrivent et gardent le pouvoir”. À demi-mot, il accuse le colonel Zida de n’être qu’un pion de Blaise Compaoré et des siens. » Et qui plus est, ajoute Le Figaro, « la présence à Ouagadougou de Gilbert Diendéré, chef d’état-major particulier de Blaise Compaoré et longtemps supérieur d’Isaac Zida, n’est pas faite pour amoindrir les soupçons. »
En effet, pointe également Libération, « le lieutenant-colonel Isaac Zida attise la méfiance. […] Il était jusqu’alors, rappelle le journal, commandant adjoint du RSP, le Régiment de sécurité présidentielle, où il a effectué toute sa carrière, et c’est ce qui le rend suspect aux yeux de l’opinion publique. Outil du président Blaise Compaoré, ce régiment d’environ un millier d’hommes est de loin le mieux doté en matériel militaire conventionnel, d’écoute et de transmission. […] Zida est soupçonné d’être un proche du général Gilbert Diendéré, le chef d’état-major particulier de Compaoré et chef suprême du RSP, qui vient de la même région que lui. […] Hier dimanche 2 octobre, rapporte encore Libération, Zida a demandé à rencontrer plusieurs représentants de la société civile. “Il m’a semblé très réceptif à nos attentes, rapporte l’un de ces représentants, à savoir rétablir la Constitution et mettre en place un organe de transition civil, qui en faisait partie. Mais, conclut-il, c’est par les actes qu’on va le juger”. »