Le budget français soumis à des injonctions contradictoires

L'examen du budget de la France pour l'année prochaine commence aujourd'hui à l'Assemblée nationale. Ce rituel de la vie parlementaire sera délicat car Bruxelles a aussi son mot à dire.

C'est un exercice de slalom géant auquel le gouvernement doit se livrer pour que son projet soit voté en France, avec, au moins, un feu orange de la commission. Ne rêvons pas, il n'y aura pas de feu vert. Un slalom géant entre Paris et Bruxelles, entre une majorité socialiste opposée aux réformes social-libérales, fatiguée de la rigueur et une commission qui attend de pied ferme des résultats plus crédibles de la France.

Les virages sont serrés et la course est longue, elle va durer trois mois. Le premier novembre, la commission rend son avis et peut demander à Paris de réécrire son texte. Ensuite, pourquoi pas des amendements votés par le Parlement pour rendre le projet bruxello-compatible, c'est ce que laisse entendre Michel Sapin le ministre des Finances. Cette procédure d'examen à Bruxelles existe depuis un an seulement, elle concerne tous les Etats de la zone euro.

La commission n'a pas les moyens légaux de censurer le texte, mais elle ne peut pas non plus fermer les yeux quand une fois de plus le deuxième pays de l'union monétaire, en poids économique et politique, s'assoit sur ses engagements. Et son verdict va compter. Un mauvais point décoché à Bruxelles pourrait faire grimper les taux des bons du trésor français.

Quels sont les arguments du gouvernement pour convaincre la commission ?

Faute d'obtenir de la compassion de leurs pairs, les dirigeants français rivalisent de promesses de réformes. Le Premier ministre Manuel Valls a donné le ton en évoquant une réforme de l'assurance chômage lors de son déplacement à Londres. Emmanuel Macron, son ministre de l'Economie en a reparlé ce week-end dans la presse, provoquant un nouveau tollé de l'aile gauche du Parti socialiste.

Toujours à la manœuvre, Emmanuel Macron va ajouter une petite touche au tableau de cette France prête à se mettre en mouvement en présentant dès demain en Conseil des ministres les grandes lignes de sa loi croissance. Cette loi, c'est le « big bang » pour les professions réglementées qui ne sera pas au point avant plusieurs mois. Bercy communique plus vite que prévu en espérant être entendu, et cru au-delà des frontières.

La France cherche aussi à relancer la croissance aux côtés de l'Allemagne

Le passage à vide de l'économie allemande, et notamment le manque d'investissement est une occasion rêvée de réunir les deux pays de plus en plus divergents, voire en opposition frontale sur le plan budgétaire. Les deux gouvernements ont donc demandé à deux économistes, l'un français, Jean Pisani-Ferry, l'autre allemand, Henrik Ederlein, de proposer au plus vite des mesures conjointes pour stimuler la croissance.

Le choix des deux experts, tous deux critiques envers la façon dont Angela Merkel a géré la crise, laisse entendre qu'une autre voie que l'orthodoxie budgétaire est possible. On verra à la mi-novembre, quand ils rendront leurs conclusions, si elles sont en phase avec la commission, et réalistes pour le budget français.


  • EN BREF DANS L'ECONOMIE

On pourra bientôt payer par un simple tweet en France

Le groupe bancaire BPCE lance aujourd'hui ce nouveau mode de transfert. Il est limité pour le moment à deux actes : envoyer de l'argent à un autre particulier, ou verser un don à l'ONG Action contre la faim. C'est encore au stade expérimental. Au Japon, la Rakuten Bank a lancé cet été un service similaire via Facebook.
 

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