« La France est un pays fini où rien ne marche ». C'est la dernière flèche tirée depuis la perfide Albion par un grand patron britannique. La presse en a fait ses choux gras, sauf un titre, le Guardian qui a, au contraire défendu la France en passant par des arguments pas très orthodoxes comme le palmarès footballistique ou le nombre de restaurants gastronomiques. Sur le terrain des performances économiques, l'avantage britannique est indiscutable: il y a moins de chômage, 6 % seulement, contre 10 % en France, plus de croissance, 3 %, à mettre en perspective avec l'encéphalogramme plat de la France. Le rebond est donc incontestable, mais attention aux effets trompeurs des pourcentages. En valeur, le produit intérieur brut français a retrouvé son niveau d'avant la crise depuis 2013, ce n'est toujours pas le cas du Royaume-Uni. Jamais les Britanniques n'ont été aussi lents à se remettre en selle. En terme d'endettement pas de quoi pavoiser non plus. Les ménages sont hyper endettés, la relance s'est faite à crédit et l'ardoise de l'État continue à s'alourdir.
Les Britanniques tiennent-ils moins bien leurs comptes que les Français ?
Pas du tout, ils sont au contraire très vigilants. David Cameron a ramené le déficit public de 11 à 6 % du produit intérieur brut en imposant une sérieuse purge à l'État. Et si les conservateurs sont réélus, ils continueront à tailler dans les dépenses, ils l'ont annoncés à leur Congrès. Mais à la différence de la France, ils ne sont pas soumis à une contrainte externe, car ils gardent la main sur leur monnaie, la livre. Quand la crise a éclaté, ils ont donc laissé filer les déficits, publics et externes, sans aucun scrupule. Aujourd'hui, la balance du commerce extérieur continue à se détériorer. C'est un souci, mais pas une priorité car la Banque d'Angleterre peut intervenir à loisir pour influencer le niveau de la livre. Les Britanniques ont pu jeter les bases de la reprise en activant la consommation. Ils actionnent maintenant le deuxième pilier d'une croissance saine, l'investissement. Les entreprises réinvestissent leurs profits et les étrangers affluent pour participer à la fête.
En termes d'investissements étrangers, les Britanniques sont en pôle position et ils ont même creusé l'écart cette année.
La City offre les services financiers ad hoc. Et puis, à la différence des Français, les Britanniques sont peu regardants sur la nationalité de leurs entreprises, du moment que l'emploi et la recherche restent sur place. Prenons le cas de l'automobile : la plupart des marques sont passées sous pavillon étranger, mais les usines sont restées et elles tournent à plein régime. Autre réussite récente : les nouvelles technologies avec des start-ups qui ont aspiré un montant record de capital-risque, de l'ordre d’un milliard d'euros. C'est avec ce tissu d'entreprises en plein essor que le Royaume-Uni poursuit son redressement. À ce rythme, non seulement son produit intérieur brut va enfin retrouver son niveau de 2008, mais il va s'emballer. Il pourrait même dépasser celui de la France ou du Japon fin 2015 selon les prévisions de la Coface (Compagnie française d'assurances pour le commerce extérieur).