Il y a des matières premières qui vous remettent les pieds sur terre, vous ramène à l'essentiel. Le café en est une. Pour grandir et donner des fruits, le caféier -aussi robuste soit-il- a tout simplement besoin d'eau. Sans eau : pas de jeunes pousses, pas de floraison, ou bien des floraisons avortées s'il pleut un peu puis plus, peu de fruits, peu de café. À l'échelle d'un potager pas de drame, quand il s'agit du premier producteur de café au monde, les marchés se mettent à scruter le ciel, et à spéculer.
Le Brésil a connu de janvier à mars une sécheresse historique, y compris dans le sud-est, dans les régions caféière du Minas Gerais. La récolte de cette année a été revue à la baisse de 20 % environ, les caféiers ont souffert et les jeunes pousses sur les arbres sont rares. Si la pluie n'arrive pas alors que la floraison de la prochaine récolte débute à peine, ce pourrait être dramatique. Les stocks sont suffisants pour répondre à une mauvaise récolte, pas à deux d'affilée.
Pour pallier le manque d'eau, il faudrait irriguer. Mais si les exploitations brésiliennes impressionnent par leurs tailles, leurs techniques, l'attention portée aux arbres, en matière d'eau, peu d'investissements ont été réalisés, les infrastructures manquent notamment de réservoirs. Le problème est récurrent au Brésil comme il l'est en Afrique. Les premières estimations fiables de la production brésilienne ne seront connues qu'en novembre, mais l'Organisation internationale du café a déjà prévenu qu'elle ne permettrait pas de répondre à la demande toujours croissante de café, notamment dans les pays industrialisés, premiers consommateurs. Premiers acheteurs. On s'en remettra donc à la sagesse d'un professionnel qui confiait qu'en près de 40 ans de carrière dans le café, on a déjà manqué d'argent, jamais de café. Il suffit juste d'y mettre le prix.