C'est la fin de la guerre du coton entre les Etats-Unis et le Brésil, premier et quatrième exportateurs de fibre. Les subventions versées par Washington étaient au coeur du différend. Des subventions qui permettaient aux producteurs américains de vendre leur coton à bas prix sur le marché mondial, sans mettre en péril leur exploitation.
Au début des années 2000 le Brésil s'était allié à quatre pays cotonniers d'Afrique francophone, le C4, pour plaider la suppression de ces subventions lors des négociations commerciales internationales. Brasilia avait ensuite joué cavalier seul en attaquant les Etats-Unis devant l'Organisation mondiale du commerce, ce que le Burkina Faso ou le Mali ne pouvaient pas se permettre.
Le Brésil avait obtenu gain de cause : l'OMC l'autorisait à imposer des sanctions sous la forme de tarifs sur les produits importés des Etats-Unis. Mais Brasilia n'avait aucun intérêt à renchérir les produits « yankee » pour les consommateurs brésiliens. Les Etats-Unis craignaient par-dessus tout de perdre leurs droits de propriété intellectuelle sur les films hollywoodiens et les logiciels, ils avaient négocié avec le Brésil un versement de 150 millions de dollars annuels à l'Institut brésilien du coton, en promettant de rayer les subventions dans leur prochaine loi agricole, la « Farm Bill ».
La nouvelle « Farm Bill » promulguée en début d'année a remplacé les subventions par des assurances contre la baisse des revenus, dont les primes sont payées à 80 % par l'administration américaine. Des subventions plus ou moins déguisées qui ont fait grincer les dents des producteurs de coton brésilien. Mais le gouvernement de Brasilia, empêtré dans les difficultés économiques à la veille d'une présidentielle très incertaine, a préféré enterrer la hache de guerre : oublier l'affaire d'espionnage de la présidente Dilma Roussef et préserver les relations commerciales avec les Etats-Unis. Alors Brasilia se contente de quelques modifications de la loi agricole américaine et d'un seul versement de 300 millions de dollars, pour solder définitivement le contentieux du coton. Les Etats-Unis s'en sortent à bon compte. Et encore une fois, les pays cotonniers africains ont été oubliés.