Dans un entretien exclusif au journal La Croix, alors qu’après-demain dimanche, les partisans de « manif pour tous » doivent défiler dans les rues de Paris et à Bordeaux, dans le sud-ouest de la France, le Premier ministre dit « non » à la GPA, la gestation pour autrui. Et il annonce une initiative internationale de la France sur cette pratique.
« Il faut affirmer des positions claires : la GPA est et sera interdite en France, martèle Manuel Valls. (…) La France est opposée à (sa) légalisation. » Et il qualifie la GPA de « pratique intolérable de commercialisation des êtres humains et de marchandisation du corps des femmes ».
S’agissant de la future initiative française à l’international sur cette question, le chef du gouvernement évoque l’idée selon laquelle les pays qui autorisent la GPA pourraient ne pas accorder ce qu’il appelle « le bénéfice de ce mode de procréation aux ressortissants des pays qui l’interdisent ». Et il annonce que le ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius « prendra dans les semaines qui viennent des initiatives pour trouver le cadre approprié ».
Dans cet entretien, Manuel Valls évoque aussi la PMA pour les couples de même sexe. Etant rappelé que la procréation médicalement assistée est autorisée aux couples hétérosexuels confrontés à des problèmes d’ordre médical pour avoir des enfants, et qu’elle est prohibée pour les couples de même sexe, le Premier ministre déclare que son gouvernement n’avancera « pas plus loin sur cette question tant (qu'il n’aura) pas l’avis du Comité consultatif national d’éthique ».
Commentaire de La Croix : avant la « manif pour tous », Manuel Valls, lui aussi, manifeste sa volonté « d’apaisement » et adresse ainsi un « message pour tous ». Seulement voilà, modère le quotidien catholique, si sur ces sujets, Manuel Valls souhaite un consensus, « parfois le législateur juge qu’il doit passer outre. C’est bien, précisément, ce que redoutent un certain nombre de citoyens », explique La Croix...
Sarko : le retour du western
Nicolas Sarkozy était en meeting hier dans le fief de son ancien ministre François Baroin. Et au sujet des fonctionnaires, il a enfoncé le clou. « C’est une décision absolue » a-t-il dit, après avoir proposé dans Le Figaro Magazine d’instaurer des contrats à durée déterminée de cinq ans dans la fonction publique, souligne en une Le Parisien. Une « déclaration choc » qui a fait réagir, relève le journal.
Pour les syndicats de salariés en effet, le statut des fonctionnaires est bien sûr un vrai chiffon rouge. Et les déclarations de Nicolas Sarkozy ont « piqué au vif » gouvernement et syndicats, relève le confrère, qui est bien le seul, ce matin, à insister sur ce sujet. Car celui qui enflamme véritablement la presse française quand elle évoque l’ancien président, c’est sa rivalité avec Alain Juppé.
L’ancien Premier ministre de Jacques Chirac était hier soir à la télévision. Il a parlé de son « ambition présidentielle », note Le Parisien. Il en a même rêvé, une envie à laquelle il s’est « préparé depuis longtemps » et pour laquelle il se sent « aujourd’hui prêt ».
Justement, ce combat des chefs pour la future primaire au sein de l’UMP, c’est l’une des vraies difficultés auxquelles est à présent confronté Nicolas Sarkozy, avec l’affaire Bygmalion, dans laquelle on a vu hier la justice placer en garde à vue plusieurs proches de l’ancien président, dont l’ex-directeur général adjoint de l’UMP Eric Cesari, mais aussi l’ex-directrice des affaires financières Fabienne Liadze.
Ce combat des chefs entre Nicolas Sarkozy et Alain Juppé, Le Figaro le qualifie en Une de « duel à distance ». Duel ? Résultat, « ça patine » pour Nicolas Sarkozy, lance en Une Libération. Deux semaines après son retour, il ne reste « presque plus rien » de son scénario de « reconquête ». Pour Libé, l'ancien chef de l'Etat, qui se voyait interpréter le rôle de « l'homme providentiel », n'a fait « qu'attiser les querelles » internes d'une UMP « en ruine », jusqu'à réveiller les « haines recuites » du siècle dernier. Et ses propos « belliqueux » ont aiguisé les « ardeurs » de la plupart de ses rivaux. Non seulement Alain Juppé et François Fillon ne « courberont pas l'échine » comme il l'escomptait secrètement, mais ils se « dresseront devant lui » dans un affrontement qui s'annonce déjà « meurtrier ».
C'est « cruel », renchérit Le Courrier Picard, mais Nicolas Sarkozy a « raté son retour ». Volontiers divinatoire, l’éditorial de ce journal du centre-nord de la France joue les pythies en lançant cette remarque, terrible pour l’ancien président : « On dirait bien que Sarkozy, c'est fini ». « Pour son retour, Nicolas Sarkozy ne s'attendait pas à un chemin pavé de roses, rehausse L’Est Républicain. De là à l'imaginer jonché d'autant d'épines... Avec, en premier lieu et entre autres affaires judiciaires, le dossier Bygmalion dont on ne sait encore s'il fera pschitt ou boum. »
Irak : la marche turque
C’est à une « très large majorité », souligne Le Parisien, que les députés turcs ont approuvé hier soir un projet de résolution destiné à autoriser une intervention de la Turquie contre les jihadistes du groupe Etat islamique en Syrie et en Irak.
Le texte permet à Ankara, s’il le juge nécessaire, de « déployer des soldats » en Syrie et en Irak et « d’accueillir sur son sol des troupes étrangères », relève Le Figaro. Toutefois, complète le journal, contrairement aux attentes des pays de la coalition, cette motion « ne signifie pas » pour autant que la Turquie « fera partie des forces de frappe des opérations aériennes et terrestres contre l’Etat islamique ». Objectif principal d’Ankara : l’établissement d’une « zone de sécurité » et d’une « zone d’exclusion aérienne » au nord de la Syrie, rappelle le quotidien.