L'arme du blé aux mains des jihadistes en Irak

Selon la FAO, 40 % du blé irakien seraient aux mains des jihadistes.

Les jihadistes utilisent l'arme du pétrole en Irak, mais aussi l'arme du blé. La zone nord, sous contrôle de l'organisation État islamique, est la plus fertile de l'Irak. Irriguée par le Tigre, pourvu d'un énorme barrage, celui de Mossoul, c'est le grenier à blé du pays : selon la FAO (Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture), 40 % du blé irakien serait aux mains des combattants sunnites.

Lors de leur avancée, ils ont fait fuir les paysans des communautés kurdes et chrétiennes, ont saisi leur blé et l'orge dans les fermes. Les jihadistes se sont également empressés de mettre la main sur une quinzaine de silos d'État, qui achètent la récolte aux paysans. Un système hérité de Saddam Hussein et du programme Pétrole contre nourriture, dans un Irak où la population est encore largement tributaire de denrées subventionnées. Ce sont des centaines de milliers de tonnes de blé que les jihadistes auraient donc volé, et qu'ils font transformer dans les minoteries, pour revendre la farine et imposer un prix du pain aux boulangers.

Dans la région d'Erbil, le pain est deux fois moins cher qu'avant l'arrivée des guerriers sunnites, de quoi convaincre les estomacs sinon les coeurs des populations sous leur joug. Le reste de l'Irak risque en revanche de manquer de céréales alors que 2014 devait être une récolte bien supérieure à la moyenne.

La prochaine récolte est en revanche en péril. Des centaines de milliers de fermiers ont fui leur terre, et ne sont pas revenus même après le retrait des jihadistes, par peur des mines antipersonnel. Parmi les paysans du nord qui sont restés hors de contrôle des jihadistes, beaucoup craignent de voir à leur tour leur blé invendu saisi ou alors d'être privés de semences et de carburant, alors que la saison des semis démarre.

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