Le marché du cacao craint l'arrivée d'Ebola en Côte d'Ivoire

La journée mondiale du cacao marque le début de la nouvelle campagne en Côte d'Ivoire, où les marchés craignent l'irruption de l'épidémie Ebola.

Les traders de cacao de la planète entière ont les yeux rivés sur une frontière : la frontière ouest de la Côte d'Ivoire, car cette frontière sépare les principaux foyers de l'épidémie Ebola, le Liberia et la Guinée, de la principale région de production de cacao, l'ouest de la Côte d'Ivoire, premier producteur mondial. La présence de la maladie dans les plantations ivoiriennes signifierait que les intermédiaires n'iraient plus chercher les fèves aussi aisément et que le cacao, qui pourtant sera payé plus cher aux planteurs cette année (plus de 800 FCFA le kilo), pourrait rester coincé en brousse.

La peur d'Ebola fait donc grimper les cours, +10 % en deux semaines, alors que l'offre et la demande ne justifient absolument pas cette flambée : la consommation mondiale de cacao progresse moins vite que l'an dernier (+2,5 % contre +3 %) à cause du prix astronomique des fèves ; dans le même temps, la Côte d'Ivoire a produit comme jamais pendant la campagne qui s'achève (1,6 million de tonnes en 2013-2014) et la nouvelle campagne démarre avec une météo idéale pour la croissance des cabosses.

Pour l'instant c'est la peur de la contagion qui soutient les cours, ils sont à leur plus haut niveau depuis trois ans et demi (plus de 2160 livres sterling la tonne à la fin de la semaine dernière à Londres, 3371 dollars la tonne à New York). Dans les faits, les importateurs européens n'ont pas modifié leur planning de déplacements en Côte d'Ivoire, classiques à cette période de l'année ; seul changement, l'aéroport d'Abidjan prend la température des voyageurs et évidemment la filière renonce aux grandes réunions internationales en Côte d'Ivoire, elles auraient été désertées.

Cela ne veut pas dire que les professionnels de la filière ne craignent pas une progression de la maladie en Côte d'Ivoire, malgré le corridor sanitaire : même si les militaires ont ordre de tirer sur les pirogues non signalées en provenance du Liberia, les zones forestières ne sont pas étanches, et elles fournissent la main-d'oeuvre guinéenne aux plantations ivoiriennes pendant les récoltes.

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