Taxation du CO2, marchés carbone, et parfois un mix des deux... Les instruments ayant pour but de faire payer les émissions de gaz à effet de serre aux entreprises polluantes connaissent un regain d'intérêt depuis deux ans, et ils sont très encouragés par la Banque mondiale. Une dizaine de taxes carbone et une quinzaine de marchés du CO2 ont été lancés à ce jour. Du Brésil à la Chine, en passant par le Kazakhstan, la Nouvelle-Zélande, la Corée du Sud, l'Afrique du Sud, ou les Etats d'Amérique, les projets se multiplient.
Ils s'inspirent souvent du modèle européen, tout en corrigeant ses défauts, c'est ce que tente la Californie, comme l'explique Emilie Alberola, spécialiste des marchés du carbone chez CDC Climat : « En Californie, le marché du carbone est la variable d'ajustement : ils font d'abord une évaluation des réductions d'émissions réalisées par les énergies renouvelables et ensuite ils ajustent l'offre de quotas. Alors que dans l'Union européenne, les électriciens ont davantage investi dans les énergies renouvelables sur l'impulsion de politiques - des aides d'Etat, des prix de rachat développés par les différents gouvernements -, plutôt que sous l'incidence de ce prix du carbone à l'échelle européenne. »
Un prix du carbone trop bas pour être incitatif en Europe. Ce sont les budgets des Etats membres qui ont supporté le développement des énergies renouvelables, et les factures d'électricité ont parfois flambé, comme en Allemagne. Si les émissions de CO2 ont diminué d'1 milliard de tonnes en Europe, c'est grâce à l'essor de ces énergies renouvelables et à cause de la crise, qui a ralenti la consommation d'énergie, très peu grâce au marché carbone. Pendant que la Commission européenne tente péniblement de convaincre les 28 Etats d'Europe, très divisés, à réformer le système, qui a dix ans, la Chine, première pollueuse au monde, expérimente à marche forcée plusieurs types de marchés carbone dans les grandes villes, pour les étendre à tout le territoire chinois en 2016.