Pour ramener la température de notre planète à un niveau supportable pour le maintien de la couche d'ozone, il faudrait investir 1000 milliards de dollars par an jusqu'en 2050 selon les calculs de l'agence internationale à l'énergie. Qui va payer ? Les pollueurs les consommateurs, les pays riches ? Un peu tout le monde via une taxe ou un marché des droits à polluer ? Le débat n'est toujours pas tranché par les États.
Pourtant les entreprises, et les collectivités investissent depuis plusieurs années dans les énergies renouvelables ou l'efficacité énergétique pour s'adapter à la nouvelle donne climatique. Et pour financer cet effort colossal, elles recourent de plus en plus aux obligations vertes. C'est-à-dire des emprunts émis exclusivement pour financer des projets relatifs à la lutte contre le changement climatique. Ce marché est en train d'exploser. Les premières obligations ont été lancées en 2007, l'année suivante la dette verte représentait un montant cumulé d’un milliard de dollars, cette année c'est 57 milliards de dollars et cela devrait quasiment tripler l'année prochaine.
Quels sont les principaux acteurs de la finance verte ?
Les établissements publics, type Banque mondiale ou Banque européenne d'investissement ont été les précurseurs. Leur profil institutionnel, leur expertise en matière environnementale ont rassuré les investisseurs. Mais cette année les émetteurs vedettes sont des entreprises. Des énergéticiens par exemple. En France GDF Suez a levé au printemps 2 milliards 500 millions d'euros, la plus grosse obligation verte jamais émise par une société privée. Abengoa, le champion espagnol du solaire, va s'y mettre lui aussi.
Aux États-Unis DC Water, qui gère la distribution de l'eau va lancer une obligation remboursable dans 100 ans. Les fonds de pension nordiques sensibles aux questions environnementales, les fonds d'épargne salariale ont été les premiers clients de cette dette verte, pour des raisons éthiques, mais aussi parce que le rendement proposé est aussi intéressant que celui des obligations ordinaires. Les grands établissements financiers sont à leur tour gagné par cette vague verte, c'est le cas de la banque Barclays, de Zurich Insurance.
Ce marché est-il fiable ?
La réponse est encore en chantier, à l'image de ce marché encore jeune. C'est pourtant une question essentielle. On a vu ce qui s'est passé sur le marché européen du carbone où les escroqueries l’ont en partie décrédibilisé. En début d'année une douzaine de banques se sont accordées sur les grands principes de base de cette finance verte. Pour gagner la confiance des acheteurs, pour démontrer qu'elles ne font pas seulement du green washing, opération consistant à verdir les affaires par la communication plutôt que par des actes, les entreprises émettrices se soumettent à des contrôles exercés par des labels indépendants. Mais il faut aussi un suivi.
L'argent levé par GDF Suez par exemple n'a pas encore été affecté à des projets concrets. Et puis attention aux détournements abusifs. Il est hors de question de voir la production de charbon financée ses investissements par des obligations vertes met en garde le Climate Bond Initiative, l'organisation qui suit l'évolution du marché. Et de rappeler que la centrale au charbon la plus propre au monde émet deux fois plus de CO2 qu'une centrale au gaz. Le recours aux obligations vertes est pourtant une option sérieusement envisagée par les promoteurs de la houille.