La betterave sucrière a raffolé des pluies estivales, les rendements de sucre seront record dans l'Union européenne (avec une production 2014-2015 de 18,4 millions de tonnes selon l'Organisation internationale du sucre, soit 1,5 million de tonnes de plus que l’an dernier). Et les acheteurs de sucre le savent : les chocolatiers ou les fabricants de soda ne se précipitent pas pour acquérir leur ingrédient. Du coup les prix du sucre en Europe s'effondrent littéralement. La tonne de sucre vaut presque deux fois moins qu'en janvier. On dirait une répétition générale de 2017, quand il n'y aura plus de quotas, et que l'Europe pourra produire du sucre sans limites.
La filière se prépare à cette échéance selon Alain JeanRoy directeur général de l'Association des producteurs de betterave : « ça fait longtemps qu'on s'y prépare : pour essayer d'augmenter la productivité à l'hectare pour les producteurs de betterave, et pour les industriels de parfaire leur processus industriel. Aujourd'hui on s'est quand même fortement rapproché de la compétitivité brésilienne et on ne désespère pas de l'égaler d'ici 2020 ».
L'effondrement actuel des prix du sucre en Europe bouleverse aussi l'économie sucrière des pays d'Afrique des Caraïbes et du Pacifique : ce n'est plus rentable pour les ACP d'exporter vers l'Europe, explique Alexandre Valenza-Troubat, de Marex Commodities : « Le marché européen, par anticipation, a baissé fortement, et il n'est plus intéressant maintenant pour les pays ACP ou assimilés d'exporter leur sucre vers l'Union européenne. Pour Maurice où le sucre a un poids très conséquent, le fait que la manne ACP se contracte, ce n'est pas sans poser des problèmes à l'industrie sucrière locale. Les flux se redistribuent autrement. » Maurice doit réorienter ses exportations de sucre vers les pays voisins de l'océan Indien et de l'Afrique orientale.