Des chercheurs américains de l’Université d'État de Caroline du Nord, afin de comprendre le fonctionnement neuromusculaire des insectes, n’ont eu de cesse d’implanter ou de fixer des électrodes aux lépidoptères, c’est-à-dire tous les insectes capables d’une métamorphose complète et présentant à l’état adulte, une trompe en spirale et deux paires d’ailes couvertes d’écailles. Lors des expérimentations, les chercheurs se sont rendu compte que les greffes d’électrodes handicapaient lourdement cet animal fragile, et étaient souvent rejetées. Toutes ces manipulations perturbent également le vol naturel et plein de grâce des papillons, ce qui rend difficile l’étude de la mécanique subtile de leurs déplacements aériens.
La solution imaginée par les chercheurs a été de fixer des électrodes à l’animal directement dans son cocon avant qu’il se métamorphose. Le traumatisme est moindre, les rejets inexistants, les électrodes sont implantés directement dans les muscles du thorax dorsal, là où sont accrochées les ailes. Les scientifiques se sont intéressés au vol du Manduca sexta, le nom savant d’un papillon de nuit, plus connu sous le nom de Sphinx du tabac, et dont la particularité est de faire fuir ses prédateurs grâce à sa mauvaise haleine chargée en nicotine. Pour analyser l’activité musculaire de la bestiole, ils ont enfermé le papillon dans une cage à lévitation magnétique suspendue dans les airs par des électro-aimants. Ainsi le lépidoptère peut, sans s’échapper, tourner de droite et gauche, les électrodes enregistrant les signaux neuromusculaires, qui coordonnent les battements d’ailes.
L’expérience ne s’arrête pas là, les scientifiques espèrent bientôt piloter le Sphinx du tabac à distance pendant ses déplacements en injectant des petites doses de courant électrique dans les muscles de l’animal. Bardés de capteurs, les cyber-papillons ou « bio-drones » deviendront des espions parfaits ou permettront, lors de mission de sauvetage, de repérer des personnes en détresse dans les lieux difficiles d’accès. Pas sûr que les papillons robotisés apprécient se faire mener ainsi par le bout de la trompe… même si elle en forme de spirales.Vous avez des questions ou des suggestions, vous pouvez nous écrire à nouvelles.technologies@rfi.fr