Ce vote entérine l'astuce trouvée cet été par Kristina Kirschner pour rembourser ceux qui ont accepté de lourdes pertes dans la restructuration sans rien céder aux fonds vautours. Les créanciers sont d'ordinaire payés via la Bank of New York. Mais la justice américaine qui a donné raison aux fonds vautours bloque l'argent déposé par l'Etat argentin pour honorer les prochaines échéances.
Certains investisseurs, dont le fond de Georges Soros, ont donc entamé des poursuites contre l'Argentine pour exiger le paiement rubis sur l'ongle. D'où l'idée de délocaliser les opérations de remboursement, en Argentine ou en France un pays où le gouvernement cherche un appui. Le temps presse, le prochain versement est prévu à la fin du mois.
L'Argentine veut ainsi démontrer qu'elle n'est pas en défaut de paiement partiel comme l'affirment les agences de notation
Mais c'est loin d'être gagné car les obstacles sont multiples et toujours plus sophistiqués. D'abord les créanciers sont libres de refuser l'arrangement proposé. Et puis les fonds vautours qui ont obtenu gain de cause aux Etats-Unis sont déchainés. Ils traquent un peu partout dans le monde les avoirs argentins susceptibles d'être confisqués. Toute personne ou entité détenant du capital argentin est dans leur ligne de mire, pourquoi pas les établissements français qui accepteront de jouer les intermédiaires ?
Ce bras de fer permanent est une épée de Damoclès sur une économie argentine déjà mal en point. Même si les gouvernements successifs ont leur part de responsabilité dans la mauvaise gestion des finances publiques, le défaut organisé par l'Etat argentin en 2001 a accouché d'un monstre juridico financier qui empêche durablement le pays de se remettre en selle. Et qui au delà du cas argentin, détruit la confiance sur le marché de la dette souveraine.
D'où les initiatives pour trouver un règlement universel aux restructurations des dettes publiques
La semaine dernière les principaux acteurs, les banques, les émetteurs de dette, tous réunis au sein de l'association internationale des marchés de capitaux basée en Suisse se sont mis d'accord sur une consigne simple : quand les trois quarts des créanciers acceptent une perte, les autres sont obligés de se plier à cette décision. Et maintenant ce sont des économistes, des anciens chefs de gouvernement qui en appellent aux Nations Unies pour réguler les faillites des Etats.
Emmenés par le prix Nobel Joseph Stiglitz, les signataires demandent un mécanisme de gestion ordonnée comme il en existe déjà pour les faillites privées. Pour éviter une gestion basée par la seule loi américaine, pourquoi pas des casques bleus de la finance en cas de défaut d'un Etat ?
♦ En bref dans l'actualité économique :
La compagnie russe Rosneft taille dans ses effectifs à cause des sanctions économiques
Cette société pétrolière dirigée par un proche de Vladimir Poutine va supprimer un millier de postes dans son administration. Depuis juillet Rosneft a été ajouté à la liste des sociétés interdites sur les marchés américains.
Aux Etats-Unis les salariés des fast-foods sont à nouveau en grève aujourd'hui
Leur principale revendication: de meilleurs salaires. Pour obtenir un minium de 15 dollars de l'heure, ils se mobilisent dans plus d'une centaine de villes.
Israël devient le principal fournisseur de gaz de la Jordanie
Les deux pays ont signé hier un accord courant sur 15 ans. Le contrat est estimé à 15 milliards de dollars. Les Jordaniens sont privés du gaz égyptien depuis 2011 à cause des opérations de sabotage sur le gazoduc qui les approvisionnait.