A la Une : Irak, la mort au nom de Dieu

 

« Assassiné ! », titre en Une Le Parisien, avec cette photo pleine page du reporter de guerre James Foley, souriant, malgré un casque militaire sur la tête et un gilet pare-balles. On le voit sans doute en mission, lorsqu’il couvrait la guerre, de la Libye à la Syrie. Et un détail n’échappera pas aux plus observateurs, le journaliste américain, porte sur ce cliché en guise de foulard, un keffieh palestinien, signe en général de solidarité avec la cause palestinienne.

« Hier, la mise en scène de la décapitation de James Foley par le biais d’une vidéo postée sur Internet – et authentifiée par les États-Unis a provoqué un haut-le-cœur dans toutes les capitales », constate Le Parisien pour qui la barbarie jihadiste a encore frappé. Selon plusieurs témoignages, James Foley a été enlevé près d’Alep, en Syrie, le 22 novembre 2012. Ce n’est qu’en janvier 2013 que sa famille, jusqu’alors tenue au silence, avait décidé de demander publiquement sa libération. Il y a côtoyé les journalistes français Didier François et Nicolas Hénin retenus également en otage et libérés en avril.

Alors, au-delà de la mort de James Foley, c’est la nationalité de son assassin, peut-être d’origine britannique qui inquiète et explique la mobilisation des puissances occidentales, estime Le Parisien. Pour Bernard Henry Levy, « Il faut intervenir militairement et sans états d’âme ». […] L’Etat islamique représente un plus grand danger qu’al-Qaïda, selon l’écrivain engagé, « ne serait-ce, dit-il, que parce qu’il est en train de se tailler un territoire, un vrai, avec ce potentiel financier, pétrolier, militaire ».

L’Amérique obligée d’agir

Pour sa part, Libération a opté pour une photo plus sobre du journaliste, prise de profil, où il sourit encore James Foley. Et ce titre au-dessus en rouge sur fond noir : « État islamique contre États-Unis : Le défi barbare ». Pour Libération, la décapitation du journaliste par l’État islamique force le président Obama à s’impliquer davantage dans la lutte contre les jihadistes. « Car concernant les otages, lit-on, la Maison Blanche maintient sa ligne de conduite selon laquelle elle ne négocie pas avec les terroristes, en dépit de l’impact émotionnel énorme du document aux Etats-Unis ». La plupart des télés et des sites américains ont décidé de ne pas montrer cette vidéo constate d’ailleurs Libération. Le quotidien rappelle au passage que 6 citoyens américains ont été décapités par des jihadistes depuis 2002. Il ne faut pas rater, toujours dans les colonnes de Libération, cette phrase très juste d’un confrère de James Foley. « Chacune de ces décapitations est comme un 11-Septembre à visage humain », résume le journaliste John Gizzi, correspondant de Newsmax à Washington.

Gaza : Israël veut éliminer le numéro un du Hamas

Dans l’actualité, le conflit israélo-palestinien fait à nouveau à la Une. « Gaza replongée dans l’enfer des bombes » déplore L’Humanité ce matin. La reprise hier de l’opération militaire israélienne a fait une vingtaine de morts palestiniens, parmi eux, des enfants, un bébé une femme enceinte, relève L’Humanité qui déplore des négociations de paix dans l’impasse.

Les récents bombardements ont visé le chef militaire du Hamas qui a été la cible d’une sixième tentative d’« élimination en vingt ans », constate pour sa part Le Figaro. Même si son groupe dément sa mort, « reste à savoir quel pourrait être l’impact d’une éventuelle disparition de Mohammed Deif et l’efficacité de ce genre de méthodes expéditives contre le Hamas », se demande Le Figaro.

Les Tchétchènes reprennent du galon en Ukraine

La situation en Ukraine est toujours dans l’impasse. La Croix dont l’envoyé spécial dans la région fait un gros travail pour nous tenir informer sur l’évolution du conflit, nous apprend ce matin que des forces tchétchènes auraient rejoint les forces prorusses à l’est de l’Ukraine. Benjamin Quénelle s’est rendu à Grozny, la capitale tchétchène, où les langues se délient discrètement apparemment, pour confirmer le départ de centaines de soldats vers l’Ukraine. « Ils reviennent morts par dizaines », dit un habitant de Grosny sous couvert d’anonymat. Difficile apparemment de savoir s’il s’agit de volontaires ou de soldats de régiments russes. Tout se fait de manière très discrète à en croire l’envoyé spécial de La Croix, mais tout aurait commencé dès le début de la crise en Crimée en mars dernier. Un accord tacite aurait été passé entre les Russes et le président tchétchène, pour qu’ils mettent au service de la Russie, des combattants aguerris qui avaient servi durant la guerre. Une information contestée par le Kremlin.
En tous les cas si la présence de combattants tchétchènes prorusses du côté de Donetsk est avérée, ce n’est pas très rassurant, puisqu’on sait que les anciens du conflit tchétchène ont laissé un souvenir impérissable par leur brutalité.

Juppé : Droit dans les starting-blocks

La décision d’Alain Juppé de se lancer dans la bataille des prochaines présidentielles est à la Une du Figaro. En annonçant sa candidature a la primaire de l’UMP, le maire de Bordeaux bouscule la stratégie de Sarkozy comme celle de Fillon, estime Le Figaro.
Et dans son portrait intitulé « Juppé, ou la patience d’un sage ». Le Figaro revient sur la trajectoire de ce fidèle de Chirac, ancien Premier ministre devenu maire de Bordeaux qui a connu toutes les épreuves de la politique.

Celui qui était « probablement le meilleur d’entre nous ». Pour reprendre la fameuse phrase de Chirac a été longtemps perçu comme un homme distant, selon Le Figaro, même si droit dans ses bottes, notamment quand il mènera l’impopulaire réforme de la sécurité sociale et de la SNCF en 1995.
« Aujourd’hui, conforté par sa réélection triomphale en mars aux municipales à Bordeaux, Alain Juppé savoure, à 69 ans, une popularité inédite pour lui, et qui, dans certaines enquêtes d’opinion, fait de lui la personnalité politique préférée des Français. Belle revanche pour le mal-aimé de 1995 », conclut Le Figaro.

Et Dieu dans tout ça ?

« Peut-on se passer de Dieu ? », se demande en Une Le Nouvel Observateur qui constate que nombre de penseurs cherchent à nouveau dans la religion des ressources pour penser notre monde. En fait, nous dit Le Nouvel Obs, cette question fait peur. Parler de dieu est presque devenu tabou, comme parler de la mort. « Elle craignait cette masse obscure qui pesait sur sa vie », lit-on dans Le Nouvel Observateur. « Avec la chute des idéologies et des grands récits laïcs, le vide est devenu abyssal au XXe siècle. Mais quel dieu, si le dieu de la morale s’est absenté définitivement durant le siècle du mal ». Il faudrait réfléchir alors à cette phrase d’Elie Wiesel, l’écrivain rescapé des camps de concentration qui avait écrit : « Dieu est mort au bout de la corde d’un bourreau à Auschwitz ». On aurait envie de rajouter aujourd’hui : au bout du couteau aussi de ce fou de dieu qui a assassiné le journaliste James Foley.

 

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